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Page:Voltaire - Œuvres complètes Garnier tome36.djvu/322

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au comique. Il est vrai qu’il est hors de mode mais ce n’est pas parce que le public n’en veut point, c’est qu’on ne peut lui en donner. Comptez que le comique qui fait rire dépend du jeu des acteurs, et ne se sent point quand on examine un ouvrage, et qu’on le discute sérieusement. Je vais retoucher ce premier acte, dont l’idée paraît toujours charmante à Mme du Châtelet, et qui peut fournir un des plus agréables spectacles du monde, avec des danses et de la musique. À l’égard de ce qui était destiné à M. de Richelieu, il n’y a qu’à le brûler. Je vais le refondre. Je ne me rebuterai point ; je travaillerai jusqu’à ce que vous soyez contents.


1673. — À M. LE PRÉSIDENT HÉNAULT.
À Cirey, le 1er septembre.

Ô déesse de la santé,
Fille de la sobriété,
Et mère des plaisirs du sage,
Qui, sur le matin de notre âge,
Fais briller ta vive clarté,
Et répands la sérénité
Sur le soir d’un jour plein d’orage !
Ô déesse, exauce mes vœux !
Que ton étoile favorable
Conduise ce mortel aimable :
Il est si digne d’être heureux !
Sur Hénault tous les autres dieux
Versent la source inépuisable
De leurs dons les plus précieux.
Toi qui seule tiendrais lieu d’eux,
Serais-tu seule inexorable ?
Ramène à ses amis charmants,
Ramène à ses belles demeures
Ce bel esprit de tous les temps,
Cet homme de toutes les heures.
Orne pour lui, pour lui suspends
La course rapide du temps.
Il en fait un si bel usage !
Les devoirs et les agréments
En font chez lui l’heureux partage.
Les femmes l’ont pris fort souvent
Pour un ignorant agréable,
Les gens en us pour un savant,
Et le dieu joufflu de la table