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Page:Voltaire - Œuvres complètes Garnier tome36.djvu/331

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ordres. Je vous ai cherché trois fois de suite. Ayez la bonté de donner une heure à votre ancien attaché[1] V.


1681. — À M. LE MARQUIS D’ARGENSON,
ministre des affaires étrangères.
29 novembre[2].

De quoi diable m’avisai-je, moi, d’écrire à M. le duc de Richelieu qu’il fallait sur-le-champ envoyer un courrier pour cette terre que vous deviez acheter ? Il m’appartient bien de bourdonner, à moi, mouche du coche !

Or vous voilà cocher, monseigneur ; menez-nous à la paix tout droit par le chemin de la gloire ; et, quand vous verrez, en passant, votre ancien attaché dans les broussailles, donnez-lui un coup d’œil.

Vous allez embrasser, être embrassé, remercier, promettre, vous installer, travailler comme un chien ; mais surtout portez-vous bien, et aimez toujours Voltaire.


1682. — À M. NÉRICAULT DESTOUCHES[3].
Le 3 décembre.

J’ai toujours été, monsieur, au rang de vos amis ; mais, en vérité, je ne me croyais pas dans celui de vos créanciers. Le premier titre m’est si cher que je ne pense point du tout à l’autre. Il y a eu une étrange fatalité sur ces souscriptions de la Henriade. Les quinze qui avaient échappé à votre mémoire sont en sûreté, et je sais, il y a longtemps, que vous conduisez une affaire aussi bien qu’une pièce de théâtre ; mais il n’en alla pas de même de cent souscriptions[4] dont mon pauvre Thieriot me perdit l’argent, sans aucune ressource. Il m’a offert depuis, fort souvent, de me rembourser ; mais il serait ruiné, et moi, je serais bien indigne d’être homme de lettres si je n’aimais pas mieux perdre cent louis que de gêner mon ami. Jugez, monsieur, si, ayant remis

  1. Amelot n’était plus ministre depuis sept mois.
  2. M. René d’Argenson cite, dans sa Notice sur le marquis d’Argenson, le 28 novembre comme date de la nomination de celui-ci au ministère des affaires étrangères. Cette lettre est donc du 29 novembre 1744, et non du 19.
  3. Voyez son article tome XIV, page 64.
  4. Il n’est question que de quatre-vingts dans la lettre à d’Argental, du 18 janvier 1739, tome XXXV, page 124.