Page:Voltaire - Œuvres complètes Garnier tome36.djvu/340

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monsieur le dauphin, dans laquelle il entre une comédie, et je m’aperçois plus que jamais que ce délié, ce fin, ce délicat, qui font le charme de la conversation, ne conviennent guère au théâtre. C’est cette fête qui m’empêche d’entrer avec vous, monsieur, dans un plus long détail, et de vous soumettre mes idées ; mais rien ne m’empêche de sentir le plaisir que me donnent les vôtres.

Je ne prêterai à personne le dernier manuscrit que vous avez eu la bonté de me confier. Je ne pus refuser le premier à une personne digne d’en être touchée. La singularité frappante de cet ouvrage, en faisait des admirateurs, a fait nécessairement des indiscrets. L’ouvrage a couru. Il est tombé entre les mains de M. de La Bruère, qui, n’en connaissant pas l’auteur, a voulu, dit-on, en enrichir son Mercure. Ce M. de La Bruère est un homme de mérite et de goût. Il faudra que vous lui pardonniez. Il n’aura pas toujours de pareils présents à faire au public. J’ai voulu en arrêter l’impression, mais on m’a dit qu’il n’en était plus temps. Avalez, je vous en prie, ce petit dégoût, si vous haïssez la gloire.

Votre état me touche à mesure que je vois les productions de votre esprit si vrai, si naturel, si facile, et quelquefois si sublime. Qu’il serve à vous consoler, comme il servira à me charmer. Conservez-moi une amitié que vous devez à celle que vous m’avez inspirée. Adieu, monsieur je vous embrasse tendrement[1].


1693. — ALL’EMINENTISSIMO E REVERENDISSIMO
SIGNORE COLENDISSIMO PASSIONEI[2].
Versailles, 9 janvier 1745.

Lo scolare dell’ Eminenza Vostra prende l’ardire di scrivere in italiano a chi è suo maestro nella lingua francese. Veramente non mi maraviglio che Vostra Eminenza sia d’ogni paese : fu stimata e pregiata da ognuno in Olanda, al tempo della pace d’Utrecht ; consegui poi la stima e l’affetto di Ludovico XIV ; s’acquisto in Vienna l’amicizia e l’amirazione di tutta la corte cesarea, e

  1. Cette lettre de Voltaire est sinon moins affectueuse, du moins plus cérémonieuse que les précédentes ; si l’on remarque que la correspondance a été interrompue pendant près d’un an, on s’expliquera la différence de ton. (G.)
  2. Cette lettre, dont la traduction française avait paru dans l’Amateur d’autographes, 1862 page 91, a été reproduite par MM. Bavoux et François (Appendice de 1865). Dans l’Amateur d’autographes et dans Voltaire a Ferney, elle a été à tort classée à l’année 1742.