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Page:Voltaire - Œuvres complètes Garnier tome36.djvu/367

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Que des lauriers sanglants du fier dieu des combats,
Et que des myrtes de Cythère.

Je suis persuadé, madame, que, du temps de ce César, il n’y avait point de frondeur janséniste qui osât censurer ce qui doit faire le charme de tous les honnêtes gens, et que les aumôniers de Rome n’étaient pas des imbéciles fanatiques. C’est de quoi je voudrais avoir l’honneur de vous entretenir avant d’aller à la campagne. Je m’intéresse à votre bonheur plus que vous ne pensez, et peut-être n’y a-t-il personne à Paris qui y prenne un intérêt plus sensible. Ce n’est point comme vieux galant flatteur de belles que je vous parle, c’est comme bon citoyen et je vous demande la permission de venir vous dire un petit mot à Étiolles ou à Brunoi, ce mois de mai. Ayez la bonté de me faire dire quand et où.

Je suis avec respect, madame, de vos yeux, de votre figure, et de votre esprit, le très, etc.


1727. — À M. LE MARQUIS D’ARGENSON,
ministre des affaires étrangères.
Le 20 de mai, au soir.

Vous m’avez écrit, monseigneur, une lettre telle que Mme de Sévigné l’eût faite, si elle s’était trouvée au milieu d’une bataille. Je viens de donner bataille aussi, et j’ai eu plus de peine à chanter la victoire[1] que le roi à la remporter. M. Bayard[2] de Richelieu vous dira le reste. Vous verrez que le nom de d’Argenson n’est pas oublié[3]. En vérité, vous me rendez ce nom bien cher ; les deux frères le rendront bien glorieux.

Adieu, monseigneur ; j’ai la fièvre à force d’avoir embouché la trompette. Je vous adore.


1728. — À M. LE MARQUIS D’ARGENSON,
ministre des affaires étrangères.
Ce 26 mai.

Tenez, monseigneur, je n’en peux plus ; voilà tout ce que j’ai pu tirer de mon cerveau, en passant la journée à chercher des anecdotes, et la nuit à rimailler.

  1. Le Poëme de Fontenoy.
  2. Voyez le vers 188 du Poëme de Fontenoy, et la note sur ce même vers.
  3. On y lit :
    D’Argenson qu’enflammaient les regards de son père.