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Page:Voltaire - Œuvres complètes Garnier tome36.djvu/38

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de mouvement, l’effet est cependant très-différent. Pourquoi ? N’est-ce pas que les corps réagissent moins quand ils ont moins de masse, et réagissent plus quand ils sont plus massifs ?

N’est-ce pas, toutes choses égales, parce qu’un corps est plus massif qu’il a plus de ressort, et qu’ainsi il réagit plus contre un petit corps à ressort qui le vient frapper, comme dans l’expérience d’Hermann[1] ? Et n’est-ce pas par cette même raison qu’un corps quelconque, toutes choses égales, réagit moins s’il est plus petit ?

Voilà mon doute. Pardon de cette confession générale au temps de Pâques. Elle est trop longue ; mais, si je voulais vous dire combien je vous aime et vous estime, je serais bien plus prolixe. Adieu je suis de toute mon âme votre, etc.


1422. — À FRÉDÉRIC II, ROI DE PRUSSE.
À Bruxelles, ce 25 mars.

À moi, Gresset soutiens de ta lyre éclatante
Les sons dejà cassés de ma voix tremblotante ;
Envoie en Silésie un perroquet nouveau,
Qui vole vers mon prince aux murs du grand Glogau,
Un oiseau plus fameux et plus plein de merveilles,
Qui possède cent yeux, cent langues, cent oreilles,
Le courrier des héros déjà dans l’univers
À prévenu tes chants, a devancé mes vers ;
La Renommée avance, et sa trompette efface
La voix du perroquet qui gazouille au Parnasse.
On l’entend en tous lieux, cette fatale voix
Qui déjà sur le trône étonne tous les rois.
« Du sein de l’indolence éveillez-vous, dit-elle ;
Monarques, paraissez, Frédéric vous appelle ;
Voyez, il a couvert, au milieu des hasards,
Les lauriers d’Apollon du casque du dieu Mars.
Sa main, dans tous les temps noblement occupée,
Tient la lyre d’Achille et porte son épée ;
Il pouvait mieux que vous, dans un loisir heureux,
Cultiver les beaux-arts, et caresser les jeux ;
Sans sortir de sa cour il eût trouvé la gloire ;
Le repos eût encore ennobli sa mémoire ;
Mais des bords du Permesse il s’élance aux combats,
Il brave les saisons, il cherche le trépas ;

  1. Jacques Hermann, ami de Leibnitz, et auteur d’un traité de Viribus et Motibus corporum, 1716, in-4o, Mort en 1733.