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Page:Voltaire - Œuvres complètes Garnier tome36.djvu/384

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1746. — À M. LE MARQUIS D’ARGENSON[1].
28 juin.

On prétend, monseigneur, que vous donnerez bientôt une paix glorieuse : il n’y a que cela au-dessus d’une victoire. Votre nom sera aussi cher à la nation qu’à moi. J’ajouterai un acte pour vous à ma fête. Daignez protéger mon petit paquet pour Amsterdam. Je me souviens d’une certaine lettre pour Édimbourg[2] ; si vous l’aviez encore, vous pourriez aisément l’envoyer à l’abbé de La Ville[3], qui la mettrait tout simplement à la poste. J’abuse horriblementde vos bontés,


Ô et præsidium et dulce decus meum.

La tête me tourne de vers et de fêtes.


1747. — À M. LE MARQUIS D’ARGENSON[4].
À Champs, 4 juillet.

Vous allez donc, monseigneur, faire le siège d’Audenarde[5] ; mais on dit que tout va mal en Allemagne, et que vous allez repasser le Rhin. Si cela est, vous avez quitté le solide pour le brillant, et ce n’était pas la peine de donner l’exclusion au grand-duc pour le voir empereur dans trois mois[6]. Mais ce ne sont pas là mes affaires ; je n’ai qu’à vous chanter. J’ai travaillé à faire de mon Fontenoy un monument. Je vous supplie de protéger cette lettre, qui contient douze vers au moins : ce sont pour moi douze traites. Est-ce que monsieur votre fils est revenu ? Je lui présente donc mes respects.

Ô maudite guerre ! ne finiras-tu point ? Quand chanterai-je la paix et M. d’Argenson ? Major convictor et actor !

    que j’ai refusé : mes amis sont dans mon cœur avant tous les monarques et souverains du monde. Adieu, cher comte ; je rappelle seulement l’immutabilité de mon affection en baisant révérencieusement les mains et en me disant de Votre Excellence le très-humble et très-dévoué serviteur.

  1. Éditeurs, de Cayrol et François.
  2. Le prétendant Charles-Édouard était parti pour l’Écosse depuis le 12 juin.
  3. Ministre de France à la Haye.
  4. Éditeurs, de Cayrol et François.
  5. Oudenarde se rendit le 14 juillet.
  6. L’élection de François se fit à Francfort le 13 septembre.