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Page:Voltaire - Œuvres complètes Garnier tome36.djvu/410

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lissime grazie, e mi protesto con ogni ossequio il suo zelante ammiratore[1].


1775. — À M. MARMONTEL[2].

Venez, et venez sans inquiétude ; M. Orry, à qui j’ai parlé, se charge de votre sort.

Voltaire.

1776. — À M. DE LA REYNIÈRE[3].
17 novembre.

Le très-obligé et très-malade Voltaire, monsieur, vous demande deux grâces : la première est de vouloir bien munir de votre paraphe les quatre paquets ci-joints ; la seconde, que mon cuisinier puisse servir d’aide au vôtre pendant quelques jours. Ce n’est pas que je prétende faire aussi bonne chère que vous mais un cuisinier se rouille chez un malade qui n’a point d’écuelles lavées, et il faut protéger les beaux-arts.

Personne ne vous est attaché, monsieur, avec plus de reconnaissance que le malingre

Voltaire.
  1. Traduction : Tous les disciples d’Hippocrate, les Boerhaave, les Leprotti, n’auraient pu administrer à mes continuelles douleurs un plus doux et plus certain soulagement que celui que j’ai éprouvé en lisant les lettres et les beaux ouvrages dont Votre Éminence a daigné m’honorer. Elle m’a réveillé de la languissante torpeur dans laquelle mes maladies m’avaient enseveli.

    Qu’elle dise, de grâce, quel art, quel enchantement, elle met en usage pour établir, avec tant de charmes, une si grande et si variée doctrine, et l’orner de cette perfection de composition dans laquelle l’art n’apparalt plus, mais uniquement la facilité de style et la vraie et solide éloquence.

    La félicité du cardinal Polus a été redoublée dans le ciel par les nouveaux mérites que la plume de Votre Éminence lui a conférés. Elle donne à la fois à ce célèbre Anglais et à elle-même l’immortalité du monde lettré.

    Je crois bien, avec l’érudit Vulpius, que ce beau jeune homme sculpté en ivoire soit le génie du roi Ptolémée et de Bérénice ; mais il me semble plus sûr que Votre Éminence est le mien ; et, si les anciens avaient coutume de présenter leurs vœux aux génies des grands hommes, il me faut invoquer celui du cardinal Querini. Je lui rends de très-humbles grâces, et proteste avec tout respect d’être son zele admirateur.

  2. Marmontel (Jean-François), né à Bort, en Limousin, d’un tailleur de pierre, le 11 juillet 1723, vint à Paris sur cette invitation de Voltaire, avec qui il avait correspondu dès 1743. Mais, à son arrivée à Paris, le contrôleur général Orry, qui devait être son protecteur, était disgracié (voyez page 345). Il s’adonna au théâtre et à d’autres genres de littérature. Marmontel est mort le 31 décembre 1799.
  3. Éditeurs, de Cayrol et François.