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Page:Voltaire - Œuvres complètes Garnier tome36.djvu/412

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lis très-vite et très-mal. J’envoyai ce misérable croquis à M. le duc de Richelieu, comptant qu’il ne servirait pas, ou que je le corrigerais. Heureusement, il est entre vos mains, vous en êtes le maître absolu j’ai perdu tout cela entièrement de vue. Je ne doute pas que vous n’ayez rectifié toutes les fautes échappées nécessairement dans une composition si rapide d’une simple esquisse ; que vous n’ayez rempli les vides et suppléé à tout.

Je me souviens qu’entre autres balourdises il n’est pas dit, dans ces scènes qui lient les divertissements, comment la princesse Grenadine passe tout d’un coup d’une prison dans un jardin ou dans un palais. Comme ce n’est point un magicien qui lui donne des fêtes, mais un seigneur espagnol, il me semble que rien ne doit se faire par enchantement. Je vous prie, monsieur, de vouloir bien revoir cet endroit, dont je n’ai qu’une idée confuse. Voyez s’il est nécessaire que la prison s’ouvre, et qu’on fasse passer notre princesse de cette prison dans un beau palais doré et verni, préparé pour elle. Je sais très-bien que cela est fort misérable, et qu’il est au-dessous d’un être pensant de se faire une affaire sérieuse de ces bagatelles ; mais enfin, puisqu’il s’agit de déplaire le moins qu’on pourra, il faut mettre le plus de raison qu’on peut, même dans un mauvais divertissement d’opéra.

Je me rapporte de tout à vous et à M. Ballot[1], et je compte avoir bientôt l’honneur de vous faire mes remerciements, et de vous assurer, monsieur, à quel point j’ai celui d’être, etc.


1779. — À M. DE LA REYNIÈRE[2].
À Paris, rue Traversière, 17 décembre.

Je suis dans un si triste état, monsieur, et ma santé est si empirée que je n’ai pu venir vous remercier de toutes vos bontés. Mais plus mon état est à plaindre, plus je compte sur la bienveillance que vous avez toujours eue pour moi. Je vous supplie de vouloir bien honorer de vos attentions ce paquet pour M. le cardinal Querini, qui m’est fort important. Je vous ai toujours obligation, monsieur.

J’ai l’honneur d’être, avec la plus vive reconnaissance, votre très-humble et très-obéissant serviteur.

  1. C’est lui que Voltaire appelait Ballot-l’imagination.
  2. Éditeurs, de Cayrol et François.