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Page:Voltaire - Œuvres complètes Garnier tome36.djvu/416

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j’aille à Berlin. Mais comme un de vos confrères[1] me traite à Versailles ! On n’est point prophète chez soi[2].

On vient de m’envoyer un livre fait par quelque politique allemand, où votre gouvernement est joliment traité. J’y ai trouvé la lettre du maréchal de Schmettau, où il dit que M. d’Alion est un ignorant et un paresseux ; mais vraiment pour paresseux, je le crois : il y a un an que je lui ai envoyé un gros paquet[3] que vous avez eu la bonté de lui recommander, et je n’en ai aucune nouvelle. Seriez-vous assez bon, monseigneur, pour daigner l’en faire ressouvenir, la première fois que vous écrirez au bout du monde ?

Il paraît tant de mauvais livres sur la guerre présente qu’en vérité mon Histoire est nécessaire. Je vous demande en grâce de dire au roi un mot de cet ouvrage auquel sa gloire est intéressée. J’ai peur que vous ne soyez indifférent, parce qu’il s’agit aussi de la vôtre ; mais il faut boire ce calice. Je ne crois pas avoir dit un seul mot, dans cette histoire, que les personnes sages, instruites et justes, ne signent. Vous me direz qu’il y aura peu de signatures, mais c’est ce peu qui gouverne en tout le grand nombre, et qui dirige, à la longue, la manière de penser de tout le monde.

Adieu, monseigneur,


· · · · · · · · · · · · · · · nostrorum sermonum candide judex.

(Hor., lib. I, ep. iv, v. 1.)

Votre historiographe n’a pu vous faire sa cour, dimanche passé, comme il s’en flattait ; il passe son temps à souffrir et à historiographer il vous aime, il vous respecte bien personnellement.


1785. — À M. BOURGEOIS[4].
À Paris, ce 20 janvier 1746.

Les maladies fréquentes qui m’accablent, monsieur, m’ont empêché de répondre plus tôt à l’honneur que vous m’avez fait ;

  1. Probablement Maurepas, que Voltaire appelle l’eunuque Bagoas dans sa lettre du 11 décembre 1750, à d’Argental.
  2. Luc, iv, 24.
  3. C’était sans doute celui que Voltaire recommandait au marquis d’Argenson dans sa lettre du 3 mai 1745.
  4. Publiée par M. L. Delayant dans la Revue de l’Aunis, du 1er février 1864, sur les originaux déposés à la bibliothèque de la Rochelle. — Nicolas-Louis Bourgeois, né à la Rochelle en 1715, avocat, membre de l’Académie de la Rochelle et secrétaire de la Société d’agriculture du cap Français,