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Page:Voltaire - Œuvres complètes Garnier tome36.djvu/452

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1826. — À MADAME LA COMTESSE DE VERTEILLAC.
À Paris, ce 3 juin.

Vous jugez bien, madame, que, si j’avais reçu le paquet il y a cinq mois, il y aurait cinq mois que j’aurais eu l’honneur de vous le porter. J’ai eu celui d’aller chez vous et chez monsieur l’ambassadeur[1] de Venise. Je fais toutes les diligences possibles pour savoir si le paquet n’aurait point été porté à Versailles, où je demeurais pour lors chez M. le duc de Richelieu. Vous sentez, madame, combien je regretterais la perte d’un manuscrit de M. de Maffei, et combien je sentirais cette perte redoublée par celle que vous feriez. Mme du Châtelet a fait chercher, ces jours-ci, dans son appartement de Versailles, et assurément on ne négligera rien pour retrouver une chose si intéressante.

J’ai l’honneur d’être avec respect.

Voltaire.

    même honneur, et le disciple s’introduit sous le patronage du maitre ; l’Académie acquiert en même temps un compatriote et un serviteur étranger. M. le prince de Craon m’a fait l’honneur de m’informer de la singulière bonté de l’Académie envers moi, et j’en ai ressenti d’autant plus de joie et de reconnaissance que cette grâce très-estimée me donne de nouveaux titres à vos faveurs. J’espère que Votre Éminence aura reçu mes lettres du mois passé, avec celle de remerciements à son digne neveu, que j’ai envoyée sous le même pli. Si je me souviens bien, j’ai pris la hardiesse dans une dernière missive de lui réclamer un service. Je la priai et je la prie encore très-humblement, et avec les plus vives instances, de me donner quelques éclaircissements sur la difficulté soulevée entre nous relativement à nos comédiens qui représentent, en présence du roi et de toute la cour, des tragédies et des comédies écrites avec la plus sévère décence et ornées des maximes de la véritable vertu et de la solide morale. Il ne parait ni juste ni convenable que les artistes qui sont payés par le roi pour jouer des compositions si honorables demeurent indignement confondus avec ces anciens histrions barbares qui amusaient grossièrement la populace avec les plus viles bêtises. Ceux-ci méritaient l’excommunication de l’Église et le châtiment sévère des magistrats. Mais, les temps et les mœurs étant heureusement changés, il semble aujourd’hui équitable aux plus habiles personnages que la distinction soit faite entre ceux qui méritaient le nom d’infâmes et ceux qui sont dignes d’être inscrits au nombre des meilleurs citoyens. Je supplie Votre Éminence de daigner me dire comment on en use à Rome à leur égard, et quel est son avis sur ce point. J’ajouterai cette nouvelle faveur à tant d’autres qu’il lui a plu de m’accorder.

  1. Voyez plus haut une note de la lettre 1819.