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Page:Voltaire - Œuvres complètes Garnier tome36.djvu/492

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1863. — À M. MOREAU[1].
Ce mardi.

Je n’ai point eu, monsieur, la sottise de répondre aux déclamations puériles et insolentes de Rigoley et de Mannory. Il est seulement bien déshonorant pour le barreau qu’on souffre de pareils abus. Mon procureur a fait, à la vérité, un petit mémoire concernant les faits et les procédures, et dès que le tout sera en état, uniquement pour les juges, j’aurai l’honneur de vous l’apporter, quoique ce mémoire de chicane ne mérite pas votre curiosité. J’aurais eu l’honneur de vous faire ma cour, si je n’avais pas été presque toujours malade. J’ai l’honneur d’être, monsieur, avec tous les sentiments que je vous dois, etc.[2]


1864. — À M. THIERIOT.
À Versailles, le 10 mars[3].

Je vous renvoie vos livres italiens. Je ne lis plus que la religion des anciens mages, mon cher ami. Je suis à Babylone, entre Sémiramis et Ninias. Il n’y a pas moyen de vous envoyer ce que je peux avoir de l’Histoire de Louis XIV. Sémiramis dit qu’elle demande la préférence, que ses jardins valaient bien ceux de Versailles, et qu’elle croit égaler tous les modernes, excepté peut-être ceux qui gagnent trois batailles en un an, et qui donnent la paix dans la capitale de leur ennemi. Mon ami, une tragédie engloutit son homme ; il n’y aura pas de raison avec moi, tant que je serai sur les bords de l’Euphrate, avec l’ombre de Ninus, des incestes et des parricides. Je mets sur la scène un grand-prêtre honnête homme, jugez si ma besogne est aisée !

Adieu, bonsoir ; prenez patience à Bercy ; c’est votre lot que la patience.

  1. Voltaire contre Travenol, par Henri Beaune, 1869. Autographe de la collection Sohier.
  2. Voltaire et Travenol interjetèrent tous deux appel de la sentence rendue au Châtelet. Voltaire, qui se défiait du Parlement, crut avoir assez de crédit pour faire évoquer l’affaire par le conseil du roi ; il obtint, à la date du 1er février 1747, un arrêt du conseil d’État qui portait l’affaire devant la chambre de l’Arsenal. Mais, sur l’opposition de Travenol, les parties furent renvoyées devant la juridiction ordinaire de la Tournelle. — 25 mars. Nouveaux mémoires, nouvelles plaidoiries.
  3. Thieriot, correspondant littéraire de Frédéric depuis 1737, n’en était pas payé. C’était donc moins pour les louanges données par Voltaire au roi que pour lui rappeler ses promesses, que Thieriot lui adressa, avec la lettre du 9 mars, copie de la lettre ou du fragment de lettre du 10 mars. (B.)