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Page:Voltaire - Œuvres complètes Garnier tome36.djvu/517

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tous les honnêtes gens, vous sauront gré d’avoir arrêté cette iniquité. En mon particulier, monsieur, j’en conserverai une reconnaissance qui durera autant que ma vie. Je vous supplie de faire chercher le livre chez les libraires de la province, d’employer vos amis et votre crédit avec votre prudence ordinaire, et de vouloir bien me donner avis de ce que vous aurez pu faire. Ce sera une grâce que je me croirai obligé de reconnaître par le plus tendre attachement et par l’empressement le plus vif à vous servir dans toutes les occasions où vous voudrez bien m’employer. J’ai l’honneur d’être, monsieur, avec les sentiments de l’estime et de l’amitié que vous m’avez inspirés, votre très-humble et très-obéissant serviteur.


1891. — AU LIEUTENANT GÉNÉRAL DE POLICE[1].
11 juin 1748.

Il paraît, depuis quelques jours, dans Paris, une édition en douze volumes, de mes prétendus ouvrages. Dans cette édition subreptice, il y a quatre tomes entiers de pièces étrangères, remplies des plus affreux scandales, des libelles diffamatoires contre des personnes respectables, et des impiétés les plus abominables. Je sais, à n’en pouvoir douter, que l’ouvrage est imprimé à Rouen, et j’en ai fait écrire à monsieur le premier président, à qui j’ai eu aussi l’honneur de m’adresser. Je prendrai la même liberté, si cela est nécessaire, d’en instruire Sa Majesté. Je n’ai pu encore en parler à M. le comte de Maurepas, qui, depuis quelques jours, n’est pas à Versailles. Mais, monsieur, je suis persuadé qu’il suffit de m’adresser à vous pour réprimer cet horrible scandale, qui intéresse les lois et la religion. Il y en a un magasin dans Paris. Ce n’est pas chez les libraires. Et on ne peut parvenir à en avoir connaissance que par les principaux colporteurs. Le sieur de Beauchamp, qui a, je crois, un département dans la librairie, et sur la bienveillance de qui je peux compter, pourrait se donner quelque mouvement avec prudence, et sans effaroucher personne, si vous aviez la bonté de lui en dire un mot. Je n’ose vous proposer, monsieur, d’en ordonner des recherches par les commissaires et les exempts préposés pour cette partie de la police. Ils sont trop connus, et leur seule présence est un avertissement qui sert à faire cacher ce qu’on

  1. Éditeur, Léouzon Leduc. — M. Berryer avait succédé à M. de Marville l’année précédente.