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Page:Voltaire - Œuvres complètes Garnier tome37.djvu/302

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volume de Quinault, où il se trouve une préface instructive, je vous serai très-obligé. Vous m’avez permis de prendre ces libertés ; j’abuse peut-être de vos offres ; mais je vous prie de croire que je ne vous emprunte des livres que pour essayer d’en faire qui puissent vous plaire.

J’ai l’honneur d’être, avec une extrême reconnaissance, monsieur, votre très-humble et très-obéissant serviteur.


2252. — À FRÉDÉRIC II. ROI DE PRUSSE.

Sire, j’ai lu, la nuit et ce matin, depuis le Grand-Électeur jusqu’à la fin[1], parce qu’on ne peut pas lire deux moitiés à la fois. Quand vous n’auriez fait que cela dans votre vie, vous auriez une très-grande réputation. Mais cet ouvrage, unique en son genre, joint aux autres, et, par parenthèse, à cinq victoires et tout ce qui s’ensuit, fait de vous l’homme le plus rare qui ait jamais existé. Je remercie mille fois Votre Majesté du beau présent qu’elle a daigné me faire. Grand Dieu ! que tout cela est net, élégant, précis, et surtout philosophique ! On voit un génie qui est toujours au-dessus de son sujet. L’histoire des mœurs, du gouvernement, et de la religion, est un chef-d’œuvre. Si j’avais une chose à souhaiter, et une grâce à vous demander, ce serait que le roi de France lût surtout attentivement l’article de la religion, et qu’il envoyât ici l’ancien évêque de Mirepoix.

Sire, vous êtes adorable ; je passerais mes jours à vos pieds. Ne me faites jamais de niches. Si des rois de Danemark, de Portugal, d’Espagne, etc., m’en faisaient, je ne m’en soucierais guère : ce ne sont que des rois. Mais vous êtes le plus grand homme qui peut-être ait jamais régné.

Et notre sixième chant[2], sire, l’aurons-nous ?


2253. — À FRÉDÉRIC II, ROI DE PRUSSE[3].
(1751.)

Sire, je rends à Votre Majesté ses six chants, et je lui laisse carte blanche sur la victoire. Tout l’ouvrage est digne de vous, et quand je n’aurais fait le voyage que pour voir quelque chose d’aussi singulier, je ne devrais pas regretter ma patrie.

  1. Mémoires pour servir à l’histoire du Brandehourg.
  2. Du poëme l’Art de la guerre.
  3. Der Freymüthige, Berlin, 1804, page 6.