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Page:Voltaire - Œuvres complètes Garnier tome37.djvu/312

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ou gai, Prussien, Français, bon ou mauvais poëte, plat historien. Adieu, adorables anges.


2261. — À FREDERIC II, ROI DE PRUSSE.

Sire, je demande pardon à Votre Majesté de mes importunités ; mais il s’agit d’affaires graves. Il me manque deux vers dans la Henriade, et ces deux vers se trouveront probablement dans l’édition corrigée à la main, qui est chez Votre Majesté, ou dans l’édition de Paris. Je vous présente ma très-humble requête, en vous suppliant de m’envoyer pour un moment les deux premiers volumes de ces deux éditions.

Si vous pouviez m’envoyer un peu de votre génie par votre coureur !


Vous avez répandu tant de bien sur ma vie !
Achevez ma félicité ;
Et, de grâce, un peu de génie !
Mais les dieux donnent tout, hors leur divinité.


2262. — À FRÉDÉRIC II, ROI DE PRUSSE.

Sire, je rends à Votre Majesté ce premier volume. Ce n’est pas moi qui l’ai couvert d’encre. Un petit mot de réflexion sur la misère de l’esprit humain. J’ai refait aujourd’hui, de cinq manières différentes, un petit passage de la Henriade, sans pouvoir jamais retrouver la manière dont je l’avais tourné il y a un mois, Qu’est-ce que cela prouve ? Que le génie n’est jamais le même, qu’on n’a jamais précisément la même pensée deux fois en sa vie, qu’il faut attendre continuellement le moment heureux. Quel chien de métier ! mais il a ses charmes, et la solitude occupée est, je crois, la vie la plus heureuse.

Mon pauvre génie tout usé baise très-humblement les pieds et les ailes du vôtre.


2263. — À M. LE PRÉSIDENT HÉNAULT[1].
À Potsdam, le 15 août 1751.

Vraiment je reconnais toutes vos grâces françaises et toute la politesse du plus aimable homme de l’Europe, aux galanteries

  1. Voltaire et Rousseau, par lord Brougham, 1815.