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Page:Voltaire - Œuvres complètes Garnier tome37.djvu/483

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rassembler tous les matériaux d’une bonne histoire. Il faut avouer qu’elle y est intéressée plus que personne. Ce qu’elle fait aujourd’hui ne sera pas l’époque la moins glorieuse de la Suède : on y verra la gloire de cet État soutenue, les divisions apaisées, le commerce, autrefois inconnu, commençant à fleurir. Le canal qui va joindre les deux mers est un ouvrage aussi prodigieux pour le moins que celui qui a fait tant d’honneur à Louis XIV. L’état où je suis ne me permet guère d’espérer d’être témoin de ces merveilles, mais il ne m’empêche pas de le désirer passionnément.

Je suis bien fâché que le tome dans lequel j’aurais pu faire usage de la lettre du prince de Condé soit déjà imprimé. Si on fait encore par la suite quelques nouvelles éditions, je tâcherai d’y insérer ce monument que je tiens des bontés de Votre Majesté. J’aurai l’honneur de lui envoyer celle que l’on fait actuellement, et pour épargner son temps, qui est précieux, j’aurai soin de marquer avec un signet les nouveaux articles qui pourront mériter d’elle un coup d’œil, comme l’Homme au masque de fer, la Paix de Riswick, le Testament de Charles II, roi d’Espagne, le Mariage clandestin du fameux Bossuet, évêque de Meaux, et enfin des pièces fort singulières, écrites de la main de Louis XIV, dont j’ai eu des copies authentiques.

Je réitère mes profonds respects, ma reconnaissance et mon attachement inviolable à Votre Majesté.

Je me mets avec vénération à ses pieds.


Le malade Voltaire.

2418. — À M. DE CHENEVIÈRES[1].
Potsdam, 25 août.

Vous m’avez bien rendu justice, monsieur, sur mon zèle pour la famille royale et sur mon attachement à la patrie. Je vous remercie sensiblement des nouvelles que vous avez bien voulu me donner de la maladie de monseigneur le dauphin.

Je me flatte que la santé de M. le comte d’Argenson est parfaitement rétablie, puisque vous ne m’en parlez pas. Je conserverai pour lui toute ma vie le dévouement le plus tendre. Il ne se souvient peut-être pas que j’ai mis sens dessus dessous, pendant six mois, toutes les archives de la guerre. J’ai mis tout cela en

  1. Éditeurs, de Cayrol et François.