Aller au contenu

Page:Voltaire - Œuvres complètes Garnier tome37.djvu/497

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Vous m’auriez fait plaisir de m’envoyer vos deux pages de critiques du second tome du Siècle. On le réimprime actuellement avec un bon tiers de changements et d’augmentations ; et peut-être vos secours viendront-ils encore assez à temps. Comment un déménagement d’une rue à une autre vous fait-il négliger vos amis, vous qui étiez occupé de les servir quand vous faisiez des trois mille lieues ? Le plus actif des hommes serait-il devenu le plus paresseux ?

Je vous embrasse de tout mon cœur.


2432. — RÉPONSE D’UN ACADÉMICIEN DE BERLIN
à un académicien de paris.
À Berlin, le 18 septembre 1752.

Voici l’exacte vérité qu’on demande. M. Moreau de Maupertuis, dans une brochure intitulée Essai de Cosmologie, prétendit que la seule preuve de l’existence de Dieu est ARnRB, qui doit être un minimum (voyez page 52 de son recueil in-4°[1]) affirme que, dans tous les cas possibles, l’action est toujours un minimum, ce qui est démontré faux ; et il dit avoir découvert cette loi du minimum, ce qui n’est pas moins faux.

M. Kœnig, ainsi que d’autres mathématiciens, a écrit contre cette assertion étrange ; et il a cité, entre autres choses, un fragment d’une lettre de Leibnitz, où ce grand homme disait avoir remarqué que « dans les modifications du mouvement, l’action devient ordinairement un maximum ou un minimun ».

M. Moreau de Maupertuis crut qu’en produisant ce fragment on voulait lui enlever la gloire de sa prétendue découverte, quoique Leibnitz eût dit précisément le contraire de ce qu’il avance. Il força quelques membres pensionnaires de l’Académie de Berlin, qui dépendent de lui, de sommer M. Kœnig de produire l’original de la lettre de Leibnitz ; et, l’original ne se trouvant plus, il fit rendre, par les mêmes membres, un jugement qui déclare M. Kœnig coupable d’avoir attenté à la gloire du sieur Moreau de Maupertuis, en supposant une fausse lettre.

Depuis ce jugement, aussi incompétent qu’injuste, et qui déshonorait M. Kœnig, professeur en Hollande, et bibliothécaire de Son Altesse sérénissime Mme la princesse d’Orange, le sieur

  1. Le volume que Voltaire désigne ici est celui qui est intitulé Œuvres de M. de Maupertuis, 1752, in-4° ; voyez tome XXIII, page 535.