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Page:Voltaire - Œuvres complètes Garnier tome37.djvu/513

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d’éditions de cet ouvrage. Celle qu’on fait actuellement à Dresde est plus ample d’un tiers. Vous y verrez des articles bien singuliers, et surtout le mariage de l’évêque de Meaux[1].

Les offres obligeantes que vous me faites, monsieur, m’autorisent à vous prier de vouloir bien interposer vos bons offices pour arrêter l’édition furtive[2] qui se fait à Francfort-sur-le-Mein. Elle ferait beaucoup de tort à mon libraire Conrad Walther, qui aie privilège de l’empereur : c’est un très-honnête homme. Je ne manquerai pas de l’avertir de l’obligation qu’il vous aura.

Je suis fâché que M. de La Beaumelle, qui m’a paru avoir beaucoup d’esprit et de talent, ne veuille s’en servir, à Francfort, que pour faire de la peine à mon libraire et à moi, qui ne l’avons jamais offensé. Je l’avais connu par des lettres[3] qu’il m’avait écrites de Danemark, et je n’avais cherché qu’à l’obliger. Il m’avait mandé que le roi de Danemark s’intéressait à un ouvrage qu’il projetait ; mais, étant obligé de quitter le Danemark, il vint à Berlin, et il montra quelques exemplaires d’un ouvrage où quelques chambellans de Sa Majesté n’étaient pas trop bien traités. Je me plaignis à lui sans amertume, et j’aurais voulu lui rendre service. Il alla à Leipsick, de là à Gotha ; il est à Francfort, Il n’y fera pas une grande fortune, en se bornant à écrire contre moi ; il devait tourner ses talents d’un côté plus utile et plus honorable. Il avait commencé par prêcher à Copenhague. Il a de l’éloquence, et je ne doute pas que les conseils d’un homme comme vous ne le ramènent dans le bon chemin.

Je suis, avec tous les sentiments que je vous dois, etc.


2449. — À MADAME DENIS.
À Potsdam, ce 15 octobre.

Voici qui n’a point d’exemple, et qui ne sera pas imité ; voici qui est unique. Le roi de Prusse, sans avoir lu un mot de la réponse de Kœnig, sans écouter, sans consulter personne, vient d’écrire, vient de faire imprimer une brochure contre Kœnig, contre moi, contre tous ceux qui ont voulu justifier l’innocence de ce professeur si cruellement condamné. Il traite tous ses partisans d’envieux, de sots, de malhonnêtes gens. La voici, cette brochure[4] singulière, et c’est un roi qui l’a faite !

  1. Voyez tome XIV, page 43.
  2. L’édition de La Beaumelle ; voyez tome XV, page 87.
  3. Les réponses de Voltaire à ces lettres sont restées inconnues. (Cl.)
  4. Elle était intitulée Lettre au public. (K.)