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Page:Voltaire - Œuvres complètes Garnier tome37.djvu/548

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interposer son autorité pour qu’on reprenne au théâtre la tragédie de Rome sauvée ; qu’on la représente suivant l’exemplaire que j’ai envoyé, et que les acteurs se chargent des rôles suivant la distribution que j’en ai faite, approuvée par monseigneur le maréchal de Richelieu.

« À Berlin, ce 15 décembre 1752. »


Voltaire.

2481. — À M. ROQUES.
Ce 16 décembre 1752.

On ne peut être plus sensible que je le suis, monsieur, à tous vos soins obligeants. Je conviens que vous êtes dans une position délicate, et que vous vous acquittez de vos fonctions de médiateur on ne peut pas mieux. Vous savez tout ce que j’ai fait pour entrer dans vos vues pacifiques. Il est bien étrange que M. de La Beaumelle ait voulu, pour quelques ducats, s’attirer une affaire si désagréable et si peu digne d’un honnête homme. J’ai déjà eu l’honneur de vous dire que les libraires sont en possession de contrefaire les ouvrages des gens de lettres, et de leur ravir le fruit de leurs travaux ; mais qu’un homme de lettres contrefasse un livre dont un libraire a le privilège, et ait encore l’imprudence absurde de contrefaire une mauvaise édition furtive, dans le temps que mon libraire en donne une bonne ; que sur cette mauvaise édition furtive il se hâte de faire des remarques pour quelques ducats, sans savoir si les objets de ces remarques se tromperont dans la seule édition que j’approuve, et dont j’ai fait présent à mon libraire Conrad Walther, c’est un procédé, monsieur, dont je vous laisse le juge. Je vous prie, monsieur, de vouloir bien me faire tenir, par le chariot de poste de Francfort à Berlin, le livre de La Beaumelle, intitulé Mes Pensées, que le magistrat de Francfort a fait à la vérité saisir, mais dont il reste, dites-vous, quelques exemplaires. Il n’y a qu’à marquer le prix du livre sur le paquet en toile cirée, je le payerai avec le port, selon l’usage, et le maître du chariot de poste vous en tiendra compte. Si vous avez quelques ordres à me donner pour Berlin, je les exécuterai avec le même zèle et la même fidélité que je suis, monsieur, etc.

P. S. J’oubliais de vous dire que les Lettres de madame de Maintenon ont été volées à M. de Margency, écuyer de M. le maréchal de Noailles, neveu de Mme de Maintenon : cela fait beaucoup de bruit à Paris.