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Page:Voltaire - Œuvres complètes Garnier tome39.djvu/88

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héros. Je peux les affubler de grandes odes ennuyeuses ; mais ce n’est pas à moi d’obtenir un brevet de lieutenant-colonel pour un brave officier, digne de servir sous M. le maréchal de Richelieu, et dont le mérite est connu du général. Tout ce que je peux et tout ce que je dois faire, c’est de me vanter à monsieur le maréchal d’avoir l’honneur d’être votre ami, et de m’intéresser passionnément à toute votre famille et à son avancement. C’est avec ces sentiments inaltérables que je serai toute ma vie, monsieur, votre très-humble et très-obéissant serviteur[1].


3209. — À M. PÂRIS-DUVERNEY.
Aux Délices, le 26 juillet.

Votre lettre, monsieur, augmente la joie que les succès de M. le maréchal de Richelieu m’ont causée. Votre amitié pour lui, qui ne s’est jamais démentie, justifie bien mon attachement. Une si belle action fait sur vous d’autant plus d’effet que vous formez au roi des sujets qui apprendront à l’imiter. Vous vous êtes fait une carrière nouvelle de gloire par cette belle institution[2] qu’on doit à vos soins, et qui sera une grande époque dans l’histoire du siècle présent. Le nom de M. le maréchal de Richelieu ira à la postérité, et le vôtre ne sera jamais oublié.

Les événements présents fourniront probablement une ample matière aux historiens. L’union des maisons de France et d’Autriche, après deux cent cinquante ans d’inimitiés ; l’Angleterre, qui croyait tenir la balance de l’Europe, abaissée en six mois de temps ; une marine formidable créée avec rapidité ; la plus grande fermeté déployée avec la plus grande modération : tout cela forme un bien magnifique tableau. Les étrangers voient avec admiration une vigueur et un esprit de suite, dans le ministère, que leurs préjugés ne voulaient pas croire. Si cela continue, je regretterai bien de n’être plus historiographe de France. Mais la France, qui ne manquera jamais ni d’hommes d’État ni d’hommes de guerre, aura toujours aussi de bons écrivains, dignes de célébrer leur patrie.

Je ne suis plus bon à rien ; ma santé m’a rendu la retraite

  1. À cette lettre est attachée la note suivante, de la main de Voltaire : M. de Ramsault de Tortonval, capitaine dans le Hainaut, ayant servi dans l’expédition de Minorqiie, demande un brevet de lieutenant-colonel. (A. F.)
  2. L’École royale militaire.