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Page:Voltaire - Œuvres complètes Garnier tome40.djvu/104

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3844. — À M. TROnCHIN, DE LYON[1].
Délices, 7 mai.

Pourquoi M. Silhouette ou de Silhouette fait-il de si beaux arrangements ? Pourquoi calcule-t-il si bien l’intérêt du roi et du public ? Pourquoi prend-il le train d’égaler la recette à la dépense autant qu’il pourra ? C’est, mon cher monsieur, qu’il a été élevé pour être négociant : tel fut le grand Colbert, et celui-ci a l’avantage d’avoir travaillé en Angleterre et en Hollande. J’ai toujours pensé qu’un négociant était plus capable de conduire les finances que les maîtres des requêtes ordinaires de notre hôtel. Ceci soit dit sans vous déplaire.


3845. — À M. COLINI.
Aux Délices, 7 mai.

Je n’ai pas eu un moment à moi depuis deux mois, mon cher Colini ; tantôt malade, tantôt surchargé de quelques travaux indispensables, tantôt occupé de ma ruine, en faisant bâtir des châteaux. Je ne perds point de vue, dans tous ces tracas, les objets qui vous regardent. J’ai toujours devant les yeux Manheim[2] et Francfort ; je ferai l’impossible pour aller à Schwetzingen, et je ferai l’impossible aussi pour vous prendre en passant. Vous avez grande raison de n’être point de l’avis du docteur Pangloss ; je ne penserai comme lui que quand je pourrai parvenir à vous être utile.


3846. — À MADAME LA COMTESSE DE LUTZELBOURG.
Aux Délices, 7 mai.

Il faut que vous me pardonniez, madame ; j’écris très-peu, parce que je n’ai pas un moment à moi ; je me défais tous les jours de mes correspondances de Paris, je ne voudrais conserver que la vôtre ; je ne connais plus que vous et la retraite ; je m’intéresse plus à la pension de monsieur votre fils qu’à la guerre et aux finances ; je veux que vous soyez heureuse de toutes les façons et de tous les côtés ; on aurait beau d’ailleurs tout boule-

  1. Éditeurs, de Cayrol et François.
  2. Voltaire voulait placer Colini auprès de Charles-Théodore, et lui faire restituer ses effets volés à Francfort en 1753. Il ne réussit que dans la première de ces deux entreprises.