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Page:Voltaire - Œuvres complètes Garnier tome40.djvu/107

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Qui m’accompagnent en tous lieux,
Et partagent avec Bellone
Des moments courts et précieux
Qu’un loisir fugitif me donne.

Je déteste l’impur bourbier
Où ce bel esprit trop cynique
À trempé sa plume impudique,
Et je ne veux point me souiller
Dans la fange de son fumier.

La mémoire est un réceptacle ;
Le jugement d’un choix exquis
Ne doit remplir ce tabernacle
Que d’œuvres qui se sont acquis,
Au sein de leur natal pays,
Le droit de passer pour oracle.
C’est pourquoi, vainquant tout obstacle,
Je vous lis et je vous relis.
J’allaite ma muse française
Aux tétons tendres et polis
Que Racine m’offre à son aise.
Quelquefois, ne vous en déplaise,
Je m’entretiens avec Rousseau ;
Horace, Lucrèce, et Boileau,
Font en tout temps ma compagnie.
Sur eux se règle mon pinceau.
Et, dans ma fantasque manie.
J’aurais enfin produit du beau.
S’il ne manquait à mon cerveau
Le feu de leur divin génie.


Si vous consultez une carte géographique, vous trouverez le lieu où une boutade de gaieté et de folie produisit ce congé[1]. Nous avons poursuivi ces gens, qui nous tournaient le derrière, jusqu’à Erfurth, et de là nous avons pris le chemin de la Silésie.

Vous autres habitants des Délices, vous croyez donc que ceux qui marchent sur les traces des Amadis et des Roland doivent se battre tous les jours pour vous divertir ? Apprenez, ne vous en déplaise, que nous avons assez donné de ces tragédies, les campagnes passées, au public ; qu’il y aura certainement encore quelque héroïque boucherie ; mais nous suivrons le proverbe de l’empereur Auguste : Festina lente.

Vos Français brûlent de bons livres, et bouleversent gaiement le système de leurs finances pour complaire à leurs chers alliés. Grand bien leur fasse ! je ne crains ni leur argent ni leurs épées. Si le hasard ne favorise pas éternellement les trois illustrissimes p…[2] qui m’assaillent de tous côtés, j’espère qu’elles seront ( pour conserver la figure de rhétorique) f…

  1. Lettre 3838.
  2. La Pompadour, Elisabeth, et Marie-Thérèse ; voyez tome XXXIX, page 342.