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Page:Voltaire - Œuvres complètes Garnier tome40.djvu/122

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Châtre. Ils disent qu’il n’a pu me garantir des droits qui lui sont personnels ; tant pis pour lui, il ne m’a vendu qu’à cette condition ; mais tant pis pour moi, qui serai vexé.

Monsieur le Parmesan, qui êtes envoyé chez vous, je vous ai fait mon compliment. Vous avez été obligé d’écrire à Parme, vous n’avez pas le temps d’écrire aux Délices. Cependant je vous ai envoyé une tragédie ; pour Dieu, donnez-moi un petit signe de vie. Que dites-vous de l’avis[1] à frère Berthier et à monsieur des Nouvelles ecclésiastiques ?

Mille tendres respects à tout ange.


3861. — À M. DE CHAUVELIN[2].
À Lausanne, 3 juin.

Monsieur, le malingre Suisse, l’importun V, vous demande très-humblement pardon de vous excéder ; mais ayez pitié de lui. Il n’avait pas osé parler de Tournay dans sa requête au roi, parce qu’il ne voulait pas que son nom retentît aux oreilles des monarques. Il a été tout stupéfait et tout confondu de voir que le roi lui accordait, pour lui et pour sa nièce, l’ancien dénombrement de Ferney. S’il avait eu un peu de présomption, il aurait fait aisément insérer Tournay dans le brevet, et tout était fini ; il serait sûr d’être l’homme le plus libre du monde ; sa modestie l’a perdu. Mais, monsieur, que vos bontés secondent cette modestie funeste, et que je vous aie l’obligation de ne point perdre mes droits de Tournay ! Si on m’en ôte un, on me les enlève tous. Je n’ai acheté cette terre à vie que par le seul motif de jouir de ces droits, et à cette condition. M. de Brosses me les a garantis par un billet de sa main, aussi bien que l’exemption des lods et ventes. Me voilà donc dans la nécessité de plaider au conseil contre M. de Brosses, et d’exiger de lui cette garantie. On peut me demander le dixième, la capitation, etc. Il est très-certain que, hors le droit de ressort au parlement de Dijon, Tournay et Ferney sont absolument libres ; je pourrais même, si j’étais calviniste, avoir un prédicant dans mon château. Enfin, monsieur, vous sentez combien des droits si singuliers doivent être chers. Je n’ai pas, en vérité, le courage de demander au roi un second brevet ; mais je suis persuadé qu’un mot de vous vaudrait

  1. Dans la Note qui est après l’ode sur la Mort de la margrave de Baireuth, tome VIII.
  2. Éditeurs, Bavoux et François.