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Page:Voltaire - Œuvres complètes Garnier tome40.djvu/142

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dans vos belles terres, et que vous y avez un temps plus favorable que celui qui nous persécute dans nos montagnes. Vous savez sans doute que Gresset a menacé le public, dans une lettre, de ne jamais écrire pour le théâtre, et vous connaissez la jolie épigramme par laquelle Piron l’a remercié au nom du public.

On dit qu’on a brûlé trois jésuites à Lisbonne ; mais jusqu’à présent on ne tient cette nouvelle que des jansénistes. Permettez-moi, pour toute nouvelle sûre, de vous dire que le roi m’a accordé tous les privilèges attachés à Ferney autrefois, et qui étaient perdus pour moi. Me voilà entièrement libre.

Vous avez eu la bonté de me faire inscrire au nombre de ceux qui reçoivent le petit bulletin de Dijon. Je n’en ai pas entendu parler. Mille respects à Mme de Ruffey. Mme Denis et moi, nous sommes pénétrés pour vous de la plus vive reconnaissance.


Le Suisse V.

3880. — À M. LE COMTE D’ARGENTAL.
29 juin.

Mon divin ange, moi fâché contre vous ! Qui vous a dit cette anecdote ? où l’avez-vous prise ? Vous êtes bien mal instruit pour un plénipotentiaire. Ne sais-je pas que vous avez eu plus d’une affaire ? et ne sais-je pas encore que vous avez daigné vous intéresser aux miennes ? Je ne suis pas si Suisse que je n’entende raison. Ne l’ai-je pas entendue sur les chevaliers ? N’ai-je pas fourbi de nouveau leurs armes ? N’ai-je pas à peu près fait ce que Mme Scaliger[1] ordonnait ?

Mon ange, que les fondements soient bien ou mal faits, il n’importe ; il faut donner la maison à madame la marquise[2] ; il faut la confier à M. le duc de Choiseul, et que, de ses mains bienfaisantes, elle passe dans les belles mains de son amie. Il voulait, disiez-vous, une tragédie pour pot-de-vin du brevet : la voilà. Trêve à vos critiques ; laissez place à M. de Choiseul et à Mme de Pompadour pour faire les leurs : ils s’en intéresseront davantage au bâtiment, quand ils y auront mis quelques pierres. Ceci n’est point affaire de théâtre, c’est affaire d’État.

    mérité une place dans la Biographie universelle (xlvii, 498) par l’éclat de la lutte qu’il soutint sous le nom des états contre le parlement de Dijon. On voit que le secrétaire des états avait le port franc.

  1. Mme d’Argental.
  2. La marquise de Pompadour.