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Page:Voltaire - Œuvres complètes Garnier tome40.djvu/309

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antidaté. Leurs aveux, et copies figurées, envoyées vite en haut, comme disent les petits, et si haut même que copie en parvient à l’assemblée de nosseigneurs les fermiers généraux, le tout suivi de remontrances contre l’armée qu’ils entretiennent au pays de Gex et contre l’infernale administration de ce malheureux pays. Or, monsieur, je vous demande sur tout cela votre protection immédiate.

4° Qu’est devenue votre Sallusterie ? Les discours de Gordon en français viennent de paraître[1]. Il y a deux chapitres contre la monarchie papale et contre la monarchie jésuitique, qui ne sont pas à l’eau rose.

Ces Anglais pensent comme ils se battent. O noi poverini becchi, futuli Francesi !

Mille respects. V.


4045. — À MADAME LA DUCHESSE DE SAXE-GOTHA[2].
Aux Délices, 9 février.

Madame, que ne dois-je point à la coquette infidèle[3] et à Alzire ! Elles m’ont valu, de la part de Votre Altesse sérénissime, des lettres dont je fais plus de cas que de la coquetterie et des tragédies. Je m’imagine que votre auguste et charmante famille a fait bien de l’honneur à l’Amérique. Il faut donc à présent chercher son plaisir dans un nouveau monde ; l’ancien ne fournit aujourd’hui que des spectacles d’horreur trop vrais et trop réels pour s’en amuser.

Il est bien singulier que les Poésies du philosophe de Sans-Souci paraissent précisément dans ce temps-ci. Je ne sais pas comment les ministres de la confession d’Augsbourg et ceux de Genève prendront une certaine épître au maréchal Keith, dans laquelle le roi philosophe assure que l’âme est très-mortelle, et ces petits vers :


Allez, lâches chrétiens, etc.


Cependant le roi de Prusse ne paraît pas être à la tête d’une armée d’épicuriens ; il paraît plutôt suivi de soldats stoïciens, tant il les a accoutumés à braver les peines de cette vie, appa-

  1. Discours historiques et politiques sur Salluste, de Thomas Gordon, traduits par le pasteur calviniste P. Daudé. 1759, 2 vol. in-12.
  2. Éditeurs, Bavoux et François.
  3. Frédéric II.