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Page:Voltaire - Œuvres complètes Garnier tome40.djvu/345

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s’il n’a pas plus de génie que les autres, du moins il a plus de bon sens et un peu plus de goût.

Vous ne voulez donc point me dire si l’on fait une nouvelle édition de vos ouvrages ? Vous m’allez trouver bien impertinente ; mais je vous prie de corriger un vers de la Henriade, c’est dans le portrait de Catherine de Médicis :


Possédant en un mot, pour n’en pas dire plus,
Les défauts de son sexe, et peu de ses vertus.


Il me semble qu’on ne dit point posséder des défauts.

Envoyez-moi quelques articles de votre dictionnaire, je vous le demande à deux genoux ; ayez soin de mon amusement ; je suis l’âme la plus délaissée du purgatoire de ce monde-ci. Soyez persuadé que, si je pouvais vous voir, je ferais volontiers cent lieues pour vous aller entendre. Souvenez-vous que je suis votre plus ancienne connaissance, et les vieilles connaissances valent mieux que les nouveaux amis. Enfin, monsieur, je voudrais vous persuader d’avoir beaucoup d’attention pour moi ; mais je crains de n’y pas réussir. J’aurais tout l’avantage, et vous n’y en trouveriez aucun si l’estime la plus parfaite et l’amitié la plus tendre que je vous ai vouées pour ma vie ne pouvaient pas me servir de compensation.


4077. — À MADAME BELOT[1],
cloître saint-thomas-du-louvre, à paris.
24 mars, par Genève, aux Délices.

Je ne suis plus de ce monde-ci, madame, et mes maladies me mettent un peu sur les confins de l’autre. Que puis-je au fond de mes vallées, entouré de montagnes qui touchent au ciel. Je ne puis guère que le prier de m’envoyer du soleil. Je suis plus loin encore des grâces des rois que des grâces de Dieu. Il ne faut s’attendre dans ce monde-ci ni aux unes ni aux autres ; elles tombent, comme la pluie, au hasard et souvent mal à propos.

Je n’ai à Paris aucune correspondance suivie ; M. Thieriot m’écrit une fois en six mois. Un commerce avec les gens de lettres est dangereux, et avec les grands très-inutile. Le parti de la retraite la plus profonde est le plus convenable pour quiconque est guéri des illusions et qui veut vivre avec soi-même.

    l’âge de quatre-vingt-neuf ans. Sa première tragédie, Mahomet, parut en 1714 ; et quarante ans après, il donna les Troyennes, pièce qui, dans le temps, eut un grand succès, et est restée au théâtre. Le rôle d’Andromaque de cette dernière tragédie était un des rôles les plus favorables au talent de la célèbre Mlle Gaussin.

  1. Éditeurs, de Cayrol et François.