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Page:Voltaire - Œuvres complètes Garnier tome40.djvu/468

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casserai la tête avec ma marmite. — Qu’as-tu dans ta marmite ? dit la voisine. — Il y a un bon chapon gras, répondit la dévote. — Eh bien, mangeons-le ensemble, » dit l’autre. Je conseille aux encyclopédistes, jansénistes, molinistes, à vous tout le premier, et a moi, d’en faire autant.

Que reste-t-il à faire après qu’on s’est bien harpaillé ? à mener une vie douce, tranquille, et à rire.

P. S. Voilà une f… guerre, depuis le chien de Discours de Lefranc jusqu’à la Vision.


Ma foi, juge et plaideurs, il faudrait tout lier[1].


4185. — À MADAME LA MARQUISE DU DEFFANT.
14 juillet.

Si vous aviez voulu, madame, avoir le Pauvre Diable, le Russe à Paris, et autres drogues, vous m’auriez donné vos ordres ; vous auriez du moins accusé la réception de mes paquets. Vous ne m’avez point répondu, et vous vous plaignez[2]. J’ai mandé[3] à votre ami que vous êtes assez comme les personnes de votre sexe, qui font des agaceries, et qui plantent là les gens après les avoir subjugués.

Il faut vous mettre un peu au fait de la guerre des rats et des grenouilles[4] ; elle est plus furieuse que vous ne pensez. Lefranc de Pompignan (page 9[5]) a voulu succéder à M. le président Hénault dans la charge de surintendant de la reine, et être encore sous-précepteur ou précepteur des Enfants de France, ou mettre l’évêque son frère dans ce poste. Ce Moïse et cet Aaron[6], pour se rendre plus dignes des faveurs de la cour, ont fait ce beau Discours à l’Académie qui leur a valu les sifflets de tout Paris. Leur projet était d’armer le gouvernement contre tous ceux qu’ils accusaient d’être philosophes, de me faire exclure de l’Académie, de faire élire à ma place l’évéque du Puy, et de purifier ainsi le sanctuaire profané. Je n’en ai fait que rire, parce que, Dieu merci, je ris de tout. Je n’ai dit qu’un mot, et ce mot a fait éclore vingt

  1. Racine, les Plaideurs, acte I, scène viii.
  2. La lettre de Mme du Deffant était du 5 juillet.
  3. Cette lettre à Hénault manque.
  4. Sujet de la Batrachomyomachie, poëme attribué à Homère.
  5. Nous n’avons pu découvrir quel était l’écrit à la page 9 duquel se trouvait ce que rapporte Voltaire ; voyez ci-après, lettre 4238.
  6. Voyez la note 3, tome XXIV, page 261.