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Page:Voltaire - Œuvres complètes Garnier tome40.djvu/498

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poser de me faire avoir une copie du portrait de Mme de Pompadour. N’y aurait-il point quelque petit peintre, à Strasbourg, qui fût un copiste passable ? Je serais charmé d’avoir dans ma petite galerie une belle femme qui vous aime, et qui fait autant de bien qu’on dit de mal d’elle. On parle de troupes envoyées contre le parlement de Normandie[1] ; je les aimerais mieux contre le parlement d’Angleterre.

Portez-vous bien, madame ; laissez le monde en proie à ses fureurs et à ses sottises. Que j’ai d’envie de venir causer avec vous !


4210. — À M. JEAN SCHOUVALOW.
Aux Délices, près Genève, 2 août.

Monsieur, à peine eus-je reçu la lettre agréable dont Votre Excellence m’a honoré par la voie de M. le comte de Kaiserling, que ma joie fut bien altérée par l’amertume d’une nouvelle de la Haye. Les frères Cramer, libraires, citoyens de Genève, à qui j’ai fait présent de l’Histoire de Pierre le Grand, m’apportèrent une gazette de la Haye, par laquelle j’appris qu’un libraire de la Haye, nommé Pierre de Hondt, met en vente cet ouvrage. Ce coup me fut d’autant plus sensible que je n’ai point encore reçu les nouvelles instructions que Votre Excellence veut bien me donner. Me voilà donc exposé, monsieur, et vous surtout, à voir ce monument que vous éleviez paraître avant qu’il soit fini. Le public le verra avec les fautes que je n’ai pu encore corriger, et avec celles qu’un libraire de Hollande ne manque jamais de faire.

J’ai écrit incontinent à Son Excellence M. de Golowkin[2], votre ambassadeur à la Haye. Je lui ai expliqué l’affaire, les démarches de la cour de Vienne à Hambourg, l’intérêt que vous prenez à l’ouvrage, l’injuste et punissable procédé du libraire de Hondt, et je ne doute pas que M. le comte de Golowkin n’ait le crédit d’arrêter, du moins pour quelque temps, les efforts de la rapine des libraires hollandais.

Mais, tandis que je prends ces précautions avec la Hollande, je suis bien plus en peine du côté de Genève. Les frères Cramer

  1. Le maréchal de Luxembourg, père de la princesse de Robecq, se trouvait alors à Rouen, par ordre du roi, et une telle mission dans la capitale de cette province, dont il était gouverneur, rappelait celle qu’il y avait remplie contre la haute magistrature normande en 1756.
  2. Cette lettre manque.