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Page:Voltaire - Œuvres complètes Garnier tome40.djvu/542

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que non-seulement nous sommes tous des athées, mais encore de mauvais poëtes.

Mandez-moi, je vous prie, tout ce que vous savez, et surtout ce que vous croyez que je doive corriger. Je ne peux voir par mes yeux, et j’aime bien à voir par les vôtres. Mettez-moi, je vous prie, aux pieds de Mlle Clairon. Je lui écrirai ; mais je n’ai pas un moment à moi.

Le roi Stanislas m’a écrit une lettre pleine de la plus grande bonté : quod notandum. Je crois que c’était la meilleure façon de servir les philosophes.

Je vous embrasse bien tendrement,


4251. — À M. THIERIOT.
9 septembre.

Mon cher correspondant, vous me fournissez de bons reliefs pour la Capilotade[1]. Si j’ai santé et gaieté, la sauce sera bientôt faite. C’est rendre service à la nation que de rendre ridicules les persécuteurs des philosophes.

Je vous demande en grâce d’aller chez Protagoras, et de lui dire énergiquement qu’il est le plus brave du parti, le plus aimable, le plus selon mon cœur ; mais je ne lui pardonnerai de ma vie s’il n’a la bonté de m’envoyer le discours[2] qu’il a prononcé à l’Académie. Je lui jure par Confucius, par Shaftesbury, par Bolingbroke, qu’il ne sortira pas de mes mains.

Si quid novi, scribe.


4252. — À MADAME LA MARQUISE DU DEFFANT.
Aux Délices, 12 septembre.

Vous êtes un grand et aimable enfant, madame ; comment n’avez-vous pas senti que je pense comme vous[3] ? Mais songez que je suis d’un parti, et d’un parti persécuté, qui, tout persécuté qu’il est, a pourtant obtenu, à la fin, le plus grand avantage qu’on puisse avoir sur ses ennemis, celui de les rendre à la fois ridicules et odieux.

  1. Titre que Voltaire donnait au XVIIe chant de la Pucelle.
  2. Les Réflexions sur la poésie. (B.)
  3. Ceci concerne nombre d’auteurs que Voltaire honorait de sa protection, et que Mme du Defifant disait fort ennuyeux et fort orgueilleux, dans la lettre écrite par elle à l’Ermite des Délices, le 5 septembre 1760.