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Page:Voltaire - Œuvres complètes Garnier tome40.djvu/555

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stances et de détails ? ne se pourrait-il pas qu’une aventurière ait pris le nom de la princesse épouse du czarowitz ? Je vais écrire à Versailles pour savoir quel peut être le fondement d’une telle histoire, incroyable dans tous les points.

Je me flatte que notre Histoire de votre grand empereur sera plus vraie. Songez, monsieur, que je me suis établi votre secrétaire ; dictez-moi du palais de l’impératrice, et j’écrirai.

M. de Soltikof passe sa vie à étudier. Il se dérobe quelquefois à son travail pour assister à nos jeux olympiques. Nous jouons des tragédies nouvelles sur mon petit théâtre de Tournay. Nous avons des acteurs et des actrices qui valent mieux que des comédiens de profession. Notre vie est plus agréable que celle qu’on mène actuellement en Silésie ; on s’égorge, et nous nous réjouissons.

J’ignore toujours si vous avez reçu le gros ballot que j’adressai à M. de Kaiserling, et la caisse de Colladon. Il y a malheureusement bien loin d’ici à Pétersbourg. Je serai toute ma vie, avec le plus sincère et le plus inviolable dévouement, etc.


4265. — À M. DE CHENEVIÈRES[1].
Aux Délices, 21 septembre.

Vous m’avez écrit une lettre charmante, mon cher correspondant. Puisque vous me parlez de Tancrède, voyez à quel point on me lutine et on me persécute : lisez. Ce n’est pas la dixième partie des choses essentielles que les comédiens ont altérées dans ma pièce. Je vous supplie d’envoyer ce mémoire, non contre-signé, à Mlle Clairon. Il ne faut pas, je crois, prodiguer le contre-seing Bellisle ; messieurs de la poste n’en seraient pas contents. D’ailleurs les comédiens sont en état de payer des ports de lettres ; mes pièces ne les appauvrissent pas, et je leur abandonne le profit des représentations et de l’impression. Je suis en droit de compter sur les petites attentions que je leur demande. Je vous prie donc, mon cher ami, d’envoyer ledit mémoire dès que vous l’aurez lu.

Nous allons jouer Mahomet. Nous avons soixante personnes dans mon trou, où il n’y a que dix lits de maître. Il faut s’habiller ; adieu.

Je dois une réponse à M. Sénac de Meilhan ; mais j’en dois à trente personnes, et je n’ai qu’une tête et une main droite.

  1. Éditeurs, de Cayrol et François.