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Page:Voltaire - Œuvres complètes Garnier tome41.djvu/185

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Nous avons ici Ximenès, oui, le marquis de Ximenès[1]. Hélas ! nous ne vous aurons pas. Nous baisons le bout de vos ailes.


4436. — À M. MARMONTEL.
À Ferney, 27 janvier.

Après avoir été tant applaudi en vers[2] à l’Académie, il faut que vous y soyez applaudi en prose, mon cher ami, dans un beau discours de réception. Vous fûtes d’abord mon disciple ; vous êtes devenu mon maître ; il faut que vous soyez mon confrère. Il me semble que cette place vous est due à plus d’un égard : ce sera une récompense du mérite, et une consolation de l’injustice que vous avez essuyée. Je ne regretterai Paris que le jour où je voudrais vous entendre et vous répondre. Je partagerai du moins tous vos succès, du fond de mes retraites. Si ma plume pouvait suivre mon cœur, je vous en dirais davantage ; mais ma mauvaise santé me force d’être court quand l’amitié voudrait me rendre bien long. Nous avons ici M. de Ximenès, votre confrère en poésie. Il me paraît n’avoir nulle envie d’être le Rodrigue de la Chimène que nous possédons. Sur le nom du père de Chimène, mes respects à votre voisine[3].


4437. — À M. LE CONSEILLER LE BAULT[4].
Au château de Ferney, pays de Gex, 29 janvier 1761.

Monsieur, M. de Ruffey a pris le département d’Apollon, et vous de Bacchus avec moi ; je ne m’étais adressé à M. de Ruffey, pour substituer des tonneaux de vin à l’Hippocrène, que parce que vous paraissiez m’abandonner tout à fait. Si Tancrède et Pierre vous ont amusé, monsieur, reprenez donc vos nobles fonctions, je me livre à vous pour toute ma vie ; je fais de meilleur vin dans la terre de Tournay que M. le président de Brosses ne l’imagine ; mais il ne vaut pas le vôtre. Daignez donc, mon-

  1. D’Argental savait quels motifs graves Voltaire avait de se plaindre de Ximenès.
  2. L’Académie française, en 1760, avait couronné l’auteur de l’Épître aux poëtes, intitulée les Charmes de l’Étude. C’était le troisième triomphe de Marmontel en ce genre, et Voltaire le lui avait prédit. (Cl.)
  3. Sans doute Mlle Clairon.
  4. Éditeur, de Mandat-Grancey. — Dictée à un secrétaire, signée seulement par Voltaire, sauf l’intercalation signalée plus loin.