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Page:Voltaire - Œuvres complètes Garnier tome41.djvu/25

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M. le duc de Choiseul vous a-t-il montré la facétie de ma dédicace[1] ?

Avez-vous reçu un Pierre ?

Madame Scaliger, ne soyez donc plus fâchée contre moi. C’est que je suis à vos pieds, c’est que je vous aime et révère au pied de la lettre.


4293. — À MADAME LA MARQUISE DU DEFFANT[2].
10 octobre.

Si vous n’êtes point un grand enfant[3], madame, vous n’êtes pas non plus une petite vieille. Je suis votre aîné, et je joue la comédie deux fois par semaine ; et le bon de l’affaire c’est que nous jouons des pièces nouvelles de ma façon, que Paris ne verra pas, à moins qu’il ne soit bien sage et bien honnête.

Comme je fais le théâtre, les pièces, et les acteurs, qu’en outre je bâtis une église et un château, et que je gouverne par moi-même tous ces tripots-là ; et que, pour m’achever de peindre, il faut finir l’Histoire de Pierre le Grand, et que j’ai dix ou douze lettres à écrire par jour, tout cela fait que vous devez me pardonner, madame, si je ne vous ennuie pas aussi souvent que je le voudrais.

J’ai pourtant un plaisir extrême à m’entretenir avec vous ; vous savez que j’aime passionnément votre esprit, votre imagination, votre façon de penser. Vous aurez la moitié de Pierre incessamment. Il y a un paquet tout prêt pour vous et pour M. le président Hénault ; mais on ne sait comment faire pour dépêcher ces paquets par la poste.

Je vous avertis que la Préface vous fera pouffer de rire, et vous serez tout étonnée de voir que la plaisanterie[4] n’est point déplacée.

J’y joins un chant de la Pucelle[5], qui pourra vous faire rire aussi. Je vous promets encore de vous chercher des fariboles philosophiques dans ma bibliothèque ; mais il faut que vous sachiez que je ne suis guère le maître d’entrer dans ma bibliothèque à présent, parce qu’elle est dans l’appartement qu’occupe

  1. Celle de Tancrède.
  2. Réponse à la lettre de la marquise, du 20 septembre précédent.
  3. Voyez tome XL, pape 532.
  4. Voltaire veut sans doute parler de la plaisanterie sur Francus et le maréchal de Villars, dans la Préface de Pierre le Grand ; voyez tome XVI, page 382.
  5. Voyez la lettre 4290.