Aller au contenu

Page:Voltaire - Œuvres complètes Garnier tome41.djvu/259

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
4505. — À M. JEAN SCHOUVALOW.
Aux Délices, 30 mars.

Monsieur, je reçois dans ce moment, par la voie de Vienne, la lettre de Votre Excellence, en date du 26 janvier, la lettre pour M. de Soltikof, et le mémoire sur le Kamtschatka, dont vous voulez bien m’honorer. Vous daignez ajouter à vos bontés celle de me dire que vous travaillez à me fournir le canevas du second volume. Je suis tout prêt ; je m’arrange pour mettre en œuvre tous vos matériaux, malgré celui[1] que l’histoire d’un législateur, d’un grand homme, irrite si furieusement. Les expressions dont il se sert contre le père et contre son auguste fille sont si horribles qu’on n’ose les répéter. J’oublie pour jamais ces injures, et celui qui en est coupable. Elles n’ont servi qu’à redoubler mon zèle pour la gloire de Pierre le Grand, et pour celle de votre valeureuse nation, que Sa Majesté l’impératrice rend heureuse, et que Votre Excellence éclaire et encourage par les bienfaits qu’elle répand, et par la protection qu’elle donne aux arts.

Votre Excellence doit avoir reçu la petite inscription[2] qu’elle m’avait fait la grâce de me demander. Je la fis sur-le-champ ; vos ordres m’inspirent. Voici à peu près les vers tels qu’il m’en souvient :


Ses lois et ses travaux ont instruit les mortels ;
Il les rendit heureux, et sa fille l’imite,
Jupiter, Osiris, vous eûtes des autels,
Et c’est lui seul qui les mérite.


Je me flatte, monsieur, qu’une histoire vraie et authentique fera plus d’effet que tous ces éloges, qui ne sont que la bordure du tableau. Ce sont les grandes actions qui louent les grands hommes. Peut-être le paquet dans lequel j’avais inséré cette inscription a-t-il été perdu. La plupart de nos envois réciproques n’ont pas été si heureux que vos armes. Je vois que Votre Excellence n’a reçu encore ni l’eau des Barbades[3], ni les ballots envoyés à feu M. Golowkin, ni ceux de M. le duc de Choiseul, ni ceux de notre ambassadeur à Vienne. J’en ressens une véritable peine.

  1. Le roi de Prusse ; voyez lettre 4317.
  2. Voyez la lettre 4410.
  3. Voir la lettre 4307.