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Page:Voltaire - Œuvres complètes Garnier tome41.djvu/312

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acte particulier. Mallet de Genève, qui est un très-méchant homme, est l’unique cause de cette levée de boucliers. C’est lui qui avait excité deux ou trois séditieux du village à s’aller plaindre au promoteur, et à se soulever contre leur syndic, contre leur curé et contre nous. Ces séditieux, pour couvrir leur délit, ont signé aujourd’hui l’acte d’approbation comme les autres. Nous envoyons toutes ces pièces au parlement, et nous nous mettons le curé, la communauté, et le seigneur et dame de Ferney, sous la protection de la cour, contre les entreprises du promoteur d’un évêque savoyard[1], qui n’est pas roi de France. Nous requérons dépens, dommages et intérêts, contre ceux qui nous ont troublés dans la fabrique de notre église, ou plutôt dans la réparation d’icelle, et qui nous coûtent plus de mille écus.

Nous nous flattons d’apprendre aux prêtres qu’ils ne sont pas les maîtres du royaume.

Je rends compte à M. le duc de Choiseul de cet attentat des officiers d’un évêque étranger.

Nous vous réitérons, monsieur, ma nièce et moi, nos très-humbles et très-tendres remerciements ; nous comptons sur votre amitié, comme sur votre zèle pour les droits des citoyens, et nous nous souviendrons toute notre vie du service que vous voulez bien nous rendre.

J’ai l’honneur d’être, monsieur, avec l’attachement le plus inviolable, votre très-humble et très-obéissant serviteur.


4551. — À M. LE CONSEILLER LE BAULT[2].
À Ferney, pays de Gex, 23 mai.

Monsieur, il ne s’agit pas toujours de vin de Bourgogne ; on a quelquefois du vin d’absinthe à avaler. Je vous supplie de perdre un quart d’heure à lire ces pièces, de les communiquer à monsieur le procureur général, à qui je ne prends pas la liberté d’écrire, mais dont j’implore la protection avec la vôtres[3].

Quand ces pièces auront été lues, je vous supplie, monsieur,

  1. Biort, évêque d’Annecy.
  2. Éditeur, Th. Foisset.
  3. Il s’agissait du procès fait par Voltaire à l’officialité de Gex, au sujet de l’église bâtie par le philosophe à Ferney. L’officialité avait, je crois, interdit cette église pour diverses irrégularités canoniques commises à l’occasion de sa construction. Voltaire appelait comme d’abus de la sentence de l’official devant le parlement de Dijon. (Note du premier éditeur).