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Page:Voltaire - Œuvres complètes Garnier tome41.djvu/334

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Achevons à la Fontenelle. C’est la seule chose que je vous conseille d’imiter de lui.


4573. — À M. L’ABBÉ AUBERT,
qui lui avait adressé la seconde édition de ses fables.
Au château de Ferney, 15 juin.

Vous vous êtes mis, monsieur, à côté de La Fontaine, et je ne sais s’il a jamais écrit une meilleure lettre en vers que celle dont vous m’honorez. Tous les lecteurs vous sauront gré de vos fables, et j’ai par-dessus eux une obligation personnelle envers vous. Je dois joindre la reconnaissance à l’estime, et je vous assure que je remplis bien ces deux devoirs. Il y en a un troisième dont je devrais m’acquitter, ce serait de répondre en vers à vos vers charmants ; mais vous me prenez trop à votre avantage. Vous êtes jeune, vous vous portez bien ; je suis vieux et malade. Mon malheur veut encore que je sois surchargé d’occupations qui sont bien opposées aux charmes de la poésie. Je peux encore sentir tout ce que vous valez ; mais je ne peux vous payer en même monnaie. Faites-moi donc grâce, en me rendant la justice d’être bien persuadé que personne ne vous en rend plus que moi. J’ai honte de vous témoigner si faiblement, monsieur, les sentiments véritables avec lesquels j’ai l’honneur d’être, votre, etc.


4574. — À M. DAMILAVILLE.
15 juin.

Il ne faut pas rire ; rien n’est plus certain que c’est un homme de l’Académie de Dijon[1] qui a fait cette drôlerie[2]. Il est fort connu de Mme Denis ; et cette Mme Denis, quoique fort douce, mangerait les yeux de quiconque voudrait supprimer la tirade des romans, surtout dans un second acte[3].

J’ai trouvé, moi qui suis très-pudibond, que les jeunes demoiselles que leurs prudentes mères mènent à la Comédie pourraient rougir d’entendre un bailli qui interroge Colette, et qui lui demande si elle est grosse. Je prierai mon Dijonnais d’adoucir l’interrogatoire.

Je remercie infiniment M. Diderot de m’envoyer un bailli qui

  1. Voltaire y avait été élu le 3 avril 1761.
  2. Il s’agit toujours du Droit du Seigneur.
  3. Voyez tome VI, page 28.