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Page:Voltaire - Œuvres complètes Garnier tome41.djvu/336

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témoignage n’était pas même recevable par le sieur Castin. Tous les autres protestent et jurent qu’ils n’ont pas dit un mot de ce qu’on leur fait dire, et que s’ils avaient fait la déposition qu’on leur impute, ils seraient infiniment coupables[1].

Je vous supplie, monsieur, de vouloir bien m’éclaircir de ce mystère d’iniquités. Le sieur Castin joue un rôle infâme, et celui qui le lui fait jouer est encore plus méprisable. Des gens qui se portent pour juges, et qui disent qu’ils écriront à M. de Saint-Florentin, ne sont que de malheureux délateurs que je couvrirai d’opprobre, et leurs lâches calomnies ne me font aucune peur. On sera assez instruit qu’ils cherchent à se venger, de la manière la plus lâche, de la protection que j’ai pu donner à Decroze, mais je n’ai rempli en cela que mon devoir, puisque Decroze est mon vassal ; nous verrons alors qui l’emportera, d’un seigneur qui a vu son vassal blessé et le crâne entr’ouvert, qui a déposé de ce crime, et qui n’a à se reprocher que de dépenser douze mille francs pour rebâtir une jolie église, ou d’un curé accusé d’un assassinat et déjà convaincu de mille violences, qui fait agir secrètement ses confrères en sa faveur. Il faudra voir de plus si, en effet, ses confrères sont en droit de faire les fonctions d’official et de promoteur, malgré les lois du royaume, et si un évêque étranger, sous prétexte qu’il n’est pas riche, peut contrevenir à ces lois. Il n’y a que votre esprit de conciliation, monsieur, qui puisse mettre ces messieurs à la raison. Je suis aussi touché de la noblesse de vos procédés qu’indigné de la bassesse des leurs.

J’ai l’honneur d’être avec la plus tendre reconnaissance, monsieur, votre très-humble et très-obéissant serviteur.


4576. — À M. FABRY[2].
Ferney, ce 18 juin.

Monsieur, il m’est extrêmement important, pour maintenir le bon ordre dans la terre de Ferney, de savoir qui sont ceux qui ont osé déposer la calomnie en question le 9 juin dernier, devant le sieur Castin, qui se dit official de Gex. Je sais bien qu’il a fait une procédure très-illégale et très-répréhensible, en procédant contre des séculiers, sans intervention de la justice du roi ; je sais encore qu’il a manqué aux lois, en faisant comparaître un

  1. Voyez la lettre à Arnoult du 6 juillet.
  2. Editeurs, Bavoux et François.