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Page:Voltaire - Œuvres complètes Garnier tome41.djvu/393

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avait réglé les droits et les reprises de Mlle Desvieux, fondés sur son contrat avec M. Bossuet[1]. C’est une chose que je vous assure sur mon honneur. Au reste, c’est à vous à voir si vous croyez qu’un homme aussi éclairé que lui ait toujours été de bonne foi, surtout en accusant M. de Fénelon d’une hérésie dangereuse, tandis qu’on ne devait l’accuser que de trop de délicatesse et de beaucoup de galimatias. Je serais très-affligé si le panégyriste de Porphyre et de l’ancienne philosophie donnait la préférence à certaines opinions sur cette philosophie. M. de Meaux : était un homme éloquent ; mais la raison est préférable à l’éloquence. Vous me ferez beaucoup d’honneur et de plaisir de m’envoyer votre ouvrage[2] ; mais vous me feriez un très-grand tort si vous m’accusiez d’avoir dit que l’éloquent Bossuet ne croyait pas ce qu’il disait. J’ai rapporté seulement qu’on prétendait qu’il avait des sentiments différents de la théologie[3] ; comme un sage magistrat qui s’élèverait quelquefois au-dessus de la lettre de la loi par la force de son génie. Il me paraît qu’il est de l’intérêt de tous les gens sensés que Bossuet ait été dans le fond plus indulgent qu’il ne le paraissait.

Je me recommande à vous, monsieur, comme à un homme de lettres et un philosophe pour qui j’ai toujours eu autant d’estime que d’attachement pour votre famille. Si vous voulez bien me faire parvenir votre ouvrage par M. Janel ou M. Bouret, ce sera la voie la plus prompte, et j’aurai plus tôt le plaisir de m’instruire.

Je vous présente mes remerciements, et tous les sentiments respectueux avec lesquels je serai toujours, monsieur, votre, etc.


4627. — À M. LE COMTE D’ARGENTAL.
2 auguste.

Votre grand-chambrier d’Héricourt vient de mourir, mon cher ange, après s’être lavé les jambes dans notre lac, pour son plaisir. Tronchin dit que c’est pour s’être lavé les jambes. Le fait est qu’il est mort, et que je le regrette, parce qu’il n’était ni fanatique ni fripon.

Enfin donc ce que j’ai prédit depuis deux ans est arrivé ; je criais toujours : Pondichéry ou Pontichéry ! et, dans toutes mes

  1. Voyez tome XIV, page 43.
  2. Vie de Bossuet, évêque de Meaux, 1761, in-12.
  3. Voyez tome XIV, page 44.