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Page:Voltaire - Œuvres complètes Garnier tome41.djvu/434

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qui ? Il faut ignorer les premières règles de la versification pour écrire ainsi. Les gens instruits remarquent ces sottises, et une bouche comme la vôtre ne doit pas les prononcer. Cela ressemble à ce vers :


La belle Phyllis, qui brûla pour Corydon.


J’ai maintenant une grâce à vous demander : on m’écrit qu’on vous a lu une comédie intitulée l’Écueil du Sage, et que quelques-uns de vos camarades font courir le bruit que cette pièce est de moi. Vous sentez bien qu’étant occupé à des ouvrages qui ont besoin de vos grands talents, je n’ai pas le temps de travailler pour d’autres. Je serais très-mortifié que ce bruit s’accréditât, et je crois qu’il est de votre intérêt de le détruire. Votre comédie peut tomber ; et si la malice m’impute cet ouvrage, cela peut faire grand tort à la tragédie à laquelle je travaille. Parlez-en sérieusement, je vous en prie, à vos camarades ; je suis très-résolu à ne leur donner jamais rien si on m’impute ce que je n’ai pas fait. Ce qu’on peut hardiment m’attribuer, c’est la plus sincère admiration et le plus grand attachement pour vous.


4656. — À MADAME BELOT[1].
Au château de Ferney, par Genève, 27 auguste.

Je suis fâché, madame, de m’intéresser si inutilement à vous ; mais je crois que vous faites fort bien de prendre le parti qu’on vous conseille. Les typographes de Paris sont bien plus en état de faire un bon parti que les typographes de Genève, attendu que les frais sont moins considérables à Paris, et que ceux du transport sont immenses.

D’ailleurs, vous jouirez bien plus tôt de votre réputation et du petit avantage qui peut la suivre en faisant travailler à Paris. Votre ouvrage[2] paraîtra deux jours après l’impression ; et dans votre premier plan il paraîtrait six mois après. Ainsi, à marché égal, vous y gagneriez encore beaucoup. Je pense qu’il n’y a pas à balancer.

Je suis très-flatté que M. de Valori veuille bien se souvenir de moi. Si vous le voyez, madame, je vous serai très-obligé de lui présenter mes très-humbles obéissances.

  1. Éditeurs, de Cayrol et François.
  2. Une traduction de Hume, qu’elle voulait faire imprimer à Genève. (A. F.)