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Page:Voltaire - Œuvres complètes Garnier tome41.djvu/483

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seule action de David qui ne soit d’un scélérat digne du dernier supplice ; qu’il n’a point fait les Psaumes, et que d’ailleurs ces odes hébraïques, qui ne respirent que le sang et le carnage, ne devraient faire naître que des sentiments d’horreur dans ceux qui croient y trouver de l’édification.

M. l’évêque Warburton nous a donné un livre[1] dans lequel il démontre que jamais les Juifs ne connurent l’immortalité de l’âme, et les peines et les récompenses après la mort, jusqu’au temps de leur esclavage dans la Chaldée. M. Hume[2] a été encore plus loin que Bayle et Warburton. Le Dictionnaire encyclopédique ne prend pas à la vérité de telles hardiesses, mais il traite toutes les matières que Bayle a traitées. J’ai peur que toutes ces raisons n’aient retenu nos libraires. Il en est de cette profession comme de celle de marchande de modes : le goût change pour les livres comme pour les coiffures.

Au reste, soyez persuadé qu’il n’y a rien que je ne fasse pour vous témoigner mon estime et l’envie extrême que j’ai de vous servir.

N. B. Un gentilhomme de Rimini, dans les États du pape, a prononcé, devant l’Académie de Rimini, un discours éloquent en faveur de la comédie et des comédiens. Il est parlé, dans ce discours, d’un fameux acteur qui a une pension du pape d’aujourd’hui, pour lui et pour sa femme. Ayant perdu son épouse, il a été ordonné prêtre à Rome : ce qu’on n’aurait jamais fait, s’il y avait la moindre tache d’ignominie répandue sur sa profession. On appelle, dans ce discours, la manière dont Mlle Lecouvreur a été traitée une barbarie indigne des Français.


4705. — DE M. D’ALEMBERT.
À Paris, ce 10 octobre.

Je ne sais pas, mon cher et illustre maître, si mes lettres sont aussi plaisantes que vous le prétendez, mais je sais que tout ce qui se passe y fournit bien matière ; et s’il est vrai, comme vous le dites, qu’il est bon de rire un peu pour la santé, jamais saison n’a été si favorable pour se bien porter. Voici, par exemple, Paul Lefranc de Pompignan (je ne sais si c’est Paul l’apôtre ou Paul le simple) (jui vient encore de fournir aux rieurs de quoi rire par son Éloge historique du duc de Bourgogne[3]. J’imagine

  1. The Divine Legation of Moses.
  2. Dans son Essai sur le suicide et l’immortalité de l’âme.
  3. Voyez tome XXIV, page 260.