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Page:Voltaire - Œuvres complètes Garnier tome41.djvu/486

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prends donc mon parti de planter, de bbâtir, de commenter Corneille, et de tâcher de l’imiter de loin, le tout pour éviter l’oisiveté.

Vous souvenez-vous, mon cher ami, que j’eus, il y a quelques années, une petite discussion avec MM. les intendants des postes au sujet d’un assez gros paquet que vous m’aviez envoyé ? J’ai peur qu’ils ne m’aient joué à peu près cette année le même tour dont je me plaignis alors. Je vous envoyai deux paquets, il y a quelques mois, pour Mme de Fontaine ; vous m’accusâtes la réception de l’un, vous ne m’avez jamais parlé de l’autre, et il est vraisemhlable que Mme de Fontaine n’a reçu aucun des deux. En tout cas, il n’y a pas grand mal, car ce n’étaient que des rogatons.

Adieu ; nous vous embrassons. Si vous rencontrez quelques dévots dans votre chemin, dites-leur que j’ai achevé mon église, et que le pape m’a envoyé des reliques ; et si vous rencontrez des gens aimables, dites-leur que j’ai achevé mon théâtre.


4707. — À MADAME LA COMTESSE DE LUTZELBOURG.
Ferney, 11 octobre.

Je reçois, madame, le portrait de Mme de Pompadour. Il me manque des yeux pour le voir ; mais j’en trouve encore pour conduire ma plume et pour vous remercier. Je perds la vue, madame ; je ne vois pas ce que je vous écris. Songez que vous avez des yeux et un estomac. Conservez-les. Souvenez-vous de ma Genevoise qui a cent trois ans#1, et qui vient de se tirer d’une hydropisie. Imitez-la. Priez pour moi quelque saint, afin que je puisse venir vous faire ma cour et vous embrasser l’année prochaine. J’ai reçu le même jour des reliques de Rome pour une église que je fais bâtir, et le portrait de Mme de Pompadour. Me voilà très-bien pour ce monde-ci et pour l’autre.

Adieu, madame ; je vous suis attaché avec le plus tendre respect jusqu’au dernier moment.


4708. — À M. DAMILAVILLE.
Le 11 octobre.

Eh bien ! frère Thieriot m’a donc caché ma turpitude et celle de Jolyot de Crébillon ! Certes, ce Crébillon n’est pas philosophe.[1]

  1. Alexandrine Fatio, veuve de Pierre Lullin, morte le 14 octobre 1762.