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Page:Voltaire - Œuvres complètes Garnier tome41.djvu/56

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secrétaire de M. le prince de Conti ? Ma lettre est courte, pardon ; mais on ne peut pas faire des pièces, les jouer, et écrire de longues lettres.


4320. — À M. Le COMTE D’ARGENTAL.
Aux Délices, 1er novembre.

Je reçois, mon respectable et charmant ami, votre lettre du 27 d’octobre. Il m’arrive rarement d’accuser les dates avec cette exactitude ; mais ici la chose est très-importante pour le tripot, et le tripot ne m’a jamais été si cher.

Celui[1] qui griffonne ma lettre (car je ne peux pas griffonner ce matin, et je vais dire pourquoi), celui, dis-je, qui griffonne prétend qu’il fit le paquet de Tancrède le 24 d’octobre ; et moi, je crois que ce paquet fut envoyé le 21. Il est toujours très-sûr qu’il fut adressé à M. de Chauveiin, avec un Pierre ; et si vous ne l’avez pas reçu, voilà une de ces occasions où il est heureux que M. le duc de Choiseul ait les postes dans son département.

Je m’imagine que M. et Mme d’Argental ne seront pas mécontents de ma docilité et de mon travail ; et s’il y a encore quelque chose à faire, ils n’ont qu’à parler. J’ai écrit une grande lettre[2] à Mme d’Argental sur les décorations de la Grève ; je me flatte qu’elle sera entièrement de mon avis, et que nous ne serons pas réduits à imiter en France les usages abominables de l’Angleterre.

Voici pourquoi je n’écris pas de ma main : c’est que je suis dans mon lit, après avoir joué hier, vendredi au soir, le bonhomme Mohadar assez pathétiquement ; mais je n’ai pas approché du sublime de Mme Denis. J’aurais donné une de mes métairies pour que {{corr|M  |Mlle} Clairon fût là. La fortune, qui me favorise depuis quelque temps, malgré maître Aliboron dit Fréron, m’a envoyé parmi les voyageurs qui viennent ici un Arabe qui a sa maison à quelques lieues de Saïd, lieu de la scène. Figurez-vous quel plaisir de jouer devant un compatriote ! il parle français comme nous. Il paraît que notre langue s’étend à proportion que notre puissance diminue.

Je vous ai demandé de vouloir bien me faire tenir par M. de Courteilles la plus ancienne et la plus nouvelle copie de Fa-.

  1. Jean-Louis Wagnière.
  2. Lettre 4299.