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Page:Voltaire - Œuvres complètes Garnier tome41.djvu/563

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La tête me fend ; et si Cassandre ne vous plaît pas, vous me fendez le cœur.

L’imagination n’a pas encore dit son dernier mot sur cette pièce ; la bonne femme est capricieuse, et ne répond jamais de ce qui lui passera par la tête. Si quelque embellissement se présente à elle, elle ne le manquera pas. Mes anges aiment Zulime, je ne saurais m’en fâcher contre eux ; mais assurément ils doivent aimer mieux Cassandre.

Mais que dirons-nous de notre philosophe de vingt-quatre ans[1] ? comment fera-t-il avec une personne dont il faudra finir l’éducation ? comment s’accommodera-t-il d’être mari, précepteur, et solitaire ? On se charge quelquefois de fardeaux difficiles à porter ; c’est son affaire : il aura Cornélie-Chiffon quand il voudra.

Nous venons de répéter le Droit du Seigneur : Cornélie-Chiffon jouera Colette comme si elle était élève de Mlle Dangeville.

Le petit Mémoire touchant l’ambassadeur prétendu de France[2] à la Porte russe est précisément ce qu’il me fallait ; je n’en demande pas davantage, et j’en remercie mes anges bien tendrement. Ils sont exacts, ils sont attentifs, ils veillent de loin sur leur créature. Je renvoie leur Mémoire ou apostille, ou combattu, ou victorieux, selon que mon humeur m’y a forcé.

Sur ce, je baise leurs ailes avec les plus saints transports.


4778. — À M. FYOT DE LA MARCHE[3].
Aux Délices, 19 décembre.

Je prends le parti d’adresser ma lettre chez M. de Pont-de-Veyle, car c’est chez l’amitié qu’on doit trouver M. de La Marche[4]. L’amitié a toujours été à la tête de vos vertus ; je ne me trouve pas mal de ce beau penchant que vous avez dans votre cœur ; vous daignez faire tomber sur moi un peu de vos faveurs, vous savez combien j’en sens le prix. Vous m’avez bien échauffé l’âme

  1. Colmont de Vaugrenant, fils du commissaire des guerres à Châlon-sur-Saône, se présentait pour épouser Mlle Corneille. Il est appelé Vaugrenant dans la lettre à d’Argental, du 16 décembre 1762 ; et Cormont, dans celles des 10 et 14 janvier 1763, cette dernière adressée au président de Ruffey.
  2. Voyez la lettre du 1 décembre, n° 4774, page 550.
  3. Éditeur, Th. Foisset.
  4. M. de La Marche avait en effet conservé une liaison intime avec Pont-de-Veyle, son condisciple. On dit même qu’il ne fut pas étranger à la composition du Fat puni et du Complaisant. (Note du premier éditeur.)