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Page:Voltaire - Œuvres complètes Garnier tome41.djvu/571

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imprimer les noms des souscripteurs. Je crains qu’il y ait une méprise dans cette unité du roi de Pologne. Il me semble que cette unité ferait un trop grand contraste avec les zéros qu’on trouve dans la souscription de tant d’autres souverains. Je crains de lui déplaire, et c’est le but de ma lettre. Mlle Corneille ne demande point une libéralité trop forte et qui puisse être à charge ; mais j’ai peur qu’il ne convienne pas à la dignité du roi de Pologne que son nom paraisse pour un seul exemplaire.

J’ai cru que je ne pouvais mieux m’adresser qu’à vous, madame, pour savoir ce qui convient, et quelle est l’intention de Sa Majesté. Pardonnez-moi cette importunité ; elle me procure l’honneur de me rappeler à votre souvenir.

Il est vrai que Mlle Corneille n’est pas Lorraine ; mais elle est la nièce du grand Corneille. Le roi de Pologne est devenu Français, il écrit en français ; il s’appelle le Bienfaisant.

J’ai l’honneur d’être, avec bien du respect, madame, votre très-humble et très-obéissant serviteur.


4786. — À MADAME LA DUCHESSE DE SAXE-GOTHA[1].

Aux Délices, 24 décembre 1761.

Madame, la grande maîtresse des cœurs dira peut-être à Votre Altesse sérénissime que les yeux ne se trouvent point bien du tout des vents du nord et de la neige. Elle demandera grâce pour moi, si je ne vous écris pas de ma main.

Votre Altesse sérénissime passe donc continuellement en revue des Prussiens et des Français. Votre palais ressemble à la maison de Polémon, du roman de Cassandre[2], dans laquelle les héros des deux partis se trouvent tous sans savoir pourquoi. S’ils y venaient uniquement pour vous faire leur cour, et pour apprendre ce que c’est que la raison ornée des grâces, je n’aurais pas de reproches à leur faire.

J’ai mille grâces à rendre à Votre Altesse sérénissime du paquet de madame de Bassevitz. Je voudrais que cette dame s’amusât à faire des mémoires de tout ce qu’elle a vu et de tout ce qu’elle voit : car il me paraît qu’elle voit tout très-bien, et qu’elle écrit de même. Il faut qu’elle aime bien son château pour

    Pologne a souscrit pour cinquante, qui lui ont été remis. » Cette note paraît être du chevalier de Boufflers, fils de la marquise. (A. F.)

  1. Éditeurs, Bavoux et François.
  2. Par La Calprenède, 10 vol. in-12.