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Page:Voltaire - Œuvres complètes Garnier tome42.djvu/229

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sciuto à Parigi come à Venezia. Non ho ancora ricevuto il regalo che mi accennate. Ma non posso differire i miei ringrazianienti.

Giacchè siete, o sarete ben presto cittadino di Parigi, vorrei farvi una visita, ma il Corneille non lo permetterà. Mi ritrovo fra il Corneille e il Goldoni. Stampero l’uno, e aspettero l’altro quando egli ritornerà a rivedere la sua bella Italia. Ma di grazia non mi deludete più colle illusioni della speranza.

Addio ; vi stimo, vi onoro, vi amo senza illusione veruna ; e saro sempre il vostro ammiratore, amico, et servitore[1].


5019. — À M. DEBRUS[2].

Je prie instamment M. Debrus de se modérer. Je suis aussi vif, aussi empressé, aussi sensible que lui dans l’affaire des Calas. Mais ne gâtons point par des contradictions ce qu’on fait à Paris en faveur de cette malheureuse famille.

Le premier commis de M. de Saint-Florentin me mande qu’il faut absolument commencer par une requête à monsieur le

  1. Traduction : Doucement, cher monsieur : en disant que vous avez une femme à votre côté, vous dites que vous êtes un homme parfait. Je n’ajoute rien sinon que monsieur et madame auraient été reçus avec tout respect et les plus grands égards dans mes cabanes ; que la route de Genève est aussi belle que celle de Lyon ; que je regrette que vous y ayez renoncé et que vous n’ayez pas voulu venir ; que je vous attendais il y a longtemps, et que je me plains fort. Voyez ce que c’est que de n’avoir pas pris le chemin de Genève : voyez, car il faut que je dise tout, et puis vous jugerez si vous avez bien fait d’agir ainsi.

    Vous voulez donc, cher monsieur, guérir la blessure que vous me faites en m’honorant de votre dédicace ; mais si cette gloire enorgueillit mon esprit et flatte ma vanité, le chagrin de ne vous avoir pas embrassé n’en est pas moins acerbe dans mon cœur. Je lirai vos charmantes comédies jusqu’au jour où je pourrai saluer l’auteur.

    Je ne sais où vous êtes en ce moment. J’ignore où adresser ma lettre. Mais votre nom suffit ; et je m’assure que vous êtes déjà connu à Paris comme à Venise. Je n’ai pas encore reçu le présent que vous m’annoncez. Mais je ne puis différer mes remerciements.

    Puisque vous êtes ou que vous serez bientôt citoyen de Paris, je voudrais vous rendre visite, mais Corneille ne le permettra point. Je suis entre Corneille et Goldoni. J’imprimerai l’un, et j’attendrai l’autre quand il retournera revoir sa belle Italie. Mais de grâce ne me leurrez plus de vaines espérances et d’illusions. Adieu, je vous estime, je vous honore, je vous aime sans illusion, et serai toujours votre admirateur, ami et serviteur.

    — Voltaire, dans cette lettre, cherche à imiter le dialecte vénitien dans lequel Goldoni a écrit beaucoup de ses pièces, et notamment celles qu’il fit paraître sous le pseudonyme de Polisseno Fegeio, pastor arcade.

  2. Éditeur, A. Coquerel. — Autographe. L’adresse est : « Monsieur, monsieur Bruce. »