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Page:Voltaire - Œuvres complètes Garnier tome42.djvu/24

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sur un manche à balai, et qui jettent un crapaud dans leur chaudron. Il n’est pas mal de rabattre un peu l’orgueil des Anglais, qui se croient souverains du théâtre comme des mers, et qui mettent sans façon Shakespeare au-dessus de Corneille.

J’ai une chose particulière à vous mander, dont peut-être l’Académie ne sera pas fâchée pour l’honneur des lettres. Vous savez que j’avais autrefois une pension : je l’avais oubliée depuis douze ans, non-seulement parce que je n’en ai pas besoin, mais parce que, étant retiré et inutile, je n’y avais aucun droit. Sa Majesté, de son propre mouvement, et sans que je pusse m’y attendre, ni que personne au monde l’eût sollicitée, a daigné me faire envoyer un brevet et une ordonnance. Peut-être est-il bon que cette nouvelle parvienne aux ennemis de la littérature et de la philosophie. Je me recommande toujours aux bontés de l’Académie, et je vous prie de me conserver les vôtres.


4807. — À MADAME DE FONTAINE[1].

Est-il vrai que la Dubois récite le rôle d’Atide[2] comme une petite fille qui ânonne sa leçon ?

Les Étrennes du chevalier de Molmire[3] ne paraissent pas vous être dédiées. Ne montrez le Sermon du bon rabbin Akib qu’à d’honnêtes gens dignes d’entendre la parole de Dieu. Savez-vous que j’avais autrefois une pension que je perdis en perdant la place d’historiographe ? Le roi vient de m’en donner une autre, sans qu’assurément j’aie osé la demander ; et M. le comte de Saint-Florentin m’envoie l’ordonnance pour être payé la première année. La façon est infiniment agréable. Je soupçonne que c’est un tour de Mme de Pompadour et de M. le duc de Choiseul.


4808. — À M. THIERIOT.
Aux Délices, 26 janvier.

Le frère ermite embrasse tendrement les frères de Paris. Il a un peu de fièvre, mais il espère que Dieu le conservera pour être le fléau des fanatiques et des barbares. Ni lui ni M. Picardet ne sont contents de l’altération du texte du Droit du Seigneur ; et

  1. Cette lettre n’est qu’un fragment que les éditeurs précédents avaient cousu à une lettre de l’année 1764. (G. A.)
  2. Dans Zulime.
  3. Les Chevaux et les Anes, étrennes aux sots. Voyez tome X.