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Page:Voltaire - Œuvres complètes Garnier tome42.djvu/248

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Nous envoyons au cher frère la belle lettre de J. -J. Rousseau au cuistre de Motiers-Travers[1]. On peut juger de la conduite noble et conséquente de ce Jean-Jacques. Ne trouvez-vous pas que voilà une belle fin ? Je mourrai avec le chagrin d’avoir vu la philosophie trahie par les philosophes et des hommes qui pouvaient éclairer le monde s’ils avaient été réunis. Mais, mon cher frère, malgré la trahison de Judas, les apôtres persévérèrent.

On cherche à connaître quel est l’auteur d’un libelle intitulé les Erreurs de Voltaire, imprimé à Avignon : on prétend que c’est un jésuite[2]. Son livre contient en effet beaucoup d’erreurs, mais ce sont les siennes : cela est tout à fait jésuitique. C’est un tissu de sottises et d’injures, le tout pour la plus grande gloire de Dieu. Il est bon de lui donner sur les oreilles, M. Diderot est prié de savoir le nom du porteur d’oreilles.

Les farceurs de Paris joueront le Droit du Seigneur quand ils voudront ; mais ils n’auront Cassandre que quand ils auront satisfait à ce devoir.

Je désire chrétiennement que le Testament du curé[3] se multiplie comme les cinq pains, et nourrisse les âmes de quatre à cinq mille hommes, car j’ai plus que jamais l’inf… en horreur, et j’aime plus que jamais mon frère.


5038 — À M. FYOT DE LA MARCHE[4].
À Ferney, 20 septembre.

J’ai besoin plus que jamais de la tranquillité de la retraite ; me voilà aux prises avec des ducs, des acteurs, des décorateurs : tout cela ne convient pas trop à mon âge. J’imagine qu’on est plus à soi dans le beau château de la Marche. Rien n’est plus triste que les plaisirs quand on n’a point de santé et qu’on perd ses oreilles.


Sincerum est nisi vas, quodcumque infundis acescit.


J’ai reçu une nouvelle estampe dessinée par M. de Vosge : nouveaux remerciements à vous faire ; mais il faut qu’il en ait sa part. Je vous prie de permettre qu’il trouve dans cette lettre

  1. C’est la lettre de J. -J. Rousseau à Montmonin, du 24 août 1762.
  2. Nonotte.
  3. Meslier.
  4. Éditeur. Th. Foisset.