Aller au contenu

Page:Voltaire - Œuvres complètes Garnier tome42.djvu/275

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

absolue ; il la mettra sans doute au net, et la finira d’une manière touchante qui portera dans le cœur des juges l’indignation et la pitié.

Je peux répondre de la bonne volonté du rapporteur ; il est instruit et échauffé par un de mes parents en qui il a la plus grande confiance.

Que Mme Calas, encore une fois, soit tranquille, qu’elle mette sa confiance, et toute son espérance dans M. et Mme d’Argental et dans M. l’abbé Mignot, conseiller au grand conseil, d’autant plus qu’il est fort probable que quand il s’agira de la cassation ce sera au grand conseil que l’affaire sera portée.

Toutes les lettres et toutes les vaines sollicitations dont on cherche à faire usage sont des secours inutiles qui ne produiront rien du tout ; il ne s’agit uniquement à présent que d’éclairer les juges et de les échauffer, et de détruire en même temps auprès de M. le duc de Choiseul et de Mme de Pompadour les impressions très-fausses qu’on leur a données.

La consultation de quinze avocats du parlement de Paris fera immanquablement cet effet, et le mémoire juridique de M. Mariette, venant immédiatement après, convaincra le public, la cour et les juges.

Je suis très-persuadé qu’il faut que ces mémoires paraissent incessamment ; il est important de répandre dans tous les esprits une conviction à laquelle les juges ne pourront résister.

Je prie qu’on envoie ce petit mémoire à Mme Calas, et qu’elle le montre à M. d’Argental et à M. l’abbé Mignot.


5068. — À M. LE MARQUIS DE CHAUVELIN.
17 octobre.

Vous me donnez une furieuse vanité. Que Votre Excellence m’écoute. Je fis jouer cette famille d’Alexandre le jour que je vous envoyai le quatrième acte ; je m’aperçus que Statira, en s’évanouissant sur le théâtre, tuait la pièce : car pourquoi mourir quand votre fille vous dit qu’elle aime son mari, et qu’elle l’abandonne pour vous ? Je vis encore clairement que le duel proposé à la fin du troisième devenait ridicule au commencement du quatrième. Je confiai ma critique à M. le maréchal de Richelieu, qui me dit que ces défauts lui avaient fait la même impression, et qu’il me faudrait six mois pour les corriger. Je fus piqué des six mois : cette lenteur ne s’accorde pas avec ma