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Page:Voltaire - Œuvres complètes Garnier tome42.djvu/28

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fumée ; vanitas vanitatum[1], et afflictio spiritus[2]. Quand vous aurez lu ma drogue, Votre Éminence veut-elle avoir la bonté de l’envoyer à M. le duc de Villars, à Aix ? Il a vu naître l’enfant ; il est juste qu’il le voie sevré, en attendant qu’il devienne adulte.

Je fus tout ébahi, ces jours passés, quand le roi m’envoya la pancarte du rétablissement d’une pension que j’avais autrefois, avec une belle ordonnance. Cela est fort plaisant, car il y aura des gens qui en seront fâchés. Ce ne sera pas vous, monseigneur, qui daignez m’aimer un peu, et à qui je suis bien tendrement attaché avec bien du respect.

P. S. Je me flatte que votre santé est bonne ; il n’en est pas de même de celle du roi de Prusse, ni même de la mienne ; je m’affaiblis beaucoup.


4812. — À M. LE COMTE D’ARGENTAL.
Aux Délices, 26 janvier.

Ô mes anges ! je vous remercie d’abord, vous et M. le comte de Choiseul, de l’éclaircissement que je reçois sur les propositions de mariage faites, en 1725, entre deux têtes couronnées[3]. Je vous prie de dire à M. le comte de Choiseul qu’un jour le maréchal Keith me disait : « Ah ! monsieur, on ment dans cette cour-là encore plus que dans la cour de Rome. »

Mais vous m’avouerez que si les Scythes savent mentir, ils savent encore mieux se battre, et qu’ils deviennent un peuple bien redoutable. Je suis leur serviteur, comme vous savez, et un peu le favori du favori ; mais j’avoue qu’ils mentent beaucoup, et je ne l’avoue qu’à mes anges.

Il est fort difficile de trouver à présent les Sermons du rabbin Akib ; on tâchera d’en faire venir de Smyrne incessamment.

À l’égard du capitaine de chevaux[4], si fiançailles ne sont pas épousailles, désir passager n’est pas fiançailles ; on attendra tranquillement que Dieu et le hasard mettent fin à cette belle aventure.

Je vais tâcher, tout malingre que je suis, d’écrire un mot à M. le président de La Marche, et le remercier de son beau zèle

  1. Écclcsiaste, I, 2.
  2. Ibid., II, 22.
  3. Entre Louis XV et Élisabeth ; voyez lettre 4798.
  4. Voyez lettre 4777.