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Page:Voltaire - Œuvres complètes Garnier tome42.djvu/320

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Voici le mémoire de M. Loyseau. Je n’ai pu l’envoyer plus tôt, parce que tout le monde chez moi l’a voulu lire. Je prie M. Debrus de me le renvoyer, en cas qu’il en ait déjà reçu des exemplaires de Paris. Je tiens le succès de notre cause infaillible : je dis de notre cause, car tous ceux qui aiment Dieu et leur prochain sont de la même religion.


5112. — À M. DAMILAVILLE.
26 décembre.

Mon frère, renvoyez-moi, je vous prie, mon Moïse[1] et mon canevas de chapitre pour l’histoire, dûment revu par les frères.

Il me paraît que l’afTaire des Calas prend un bon tour dans les esprits. L’élargissement des demoiselles Calas prouve bien que le ministère ne croit point Calas coupable ; c’est beaucoup. Il me paraît impossible à présent que le conseil n’ordonne pas la révision : ce sera un grand coup porté au fanatisme. Ne pourrat-on pas en profiter ? Ne coupera-t-on pas à la fin les têtes de cette hydre ?

Je certifie toujours que je n’ai reçu de frère Thieriot qu’un petit billet du 1er de novembre. Je lui avais demandé la meilleure histoire du Languedoc[2] : car ce Languedoc est un peu le pays du fanatisme, et on pourrait y trouver de bons mémoires. Dieu merci, ce monstre fournit toujours des armes contre lui-même.

Mon cher frère voudrait-il me faire avoir presto, presto, un petit Dictionnaire des Conciles[3], qui a paru, je crois, l’année passée ? Cela cadrerait fort bien avec mon Dictionnaire d’Hérèsies[4]. La théologie m’amuse, la folie de l’esprit humain y est dans toute sa plénitude.

Je voudrais savoir ce que frère Thieriot a fait d’un sermon[5]

    la délivrance des deux sœurs, après sept mois de captivité (en décembre 1762). Si Mme Calas n’avait laissé voir ses larmes et ses inquiétudes maternelles, qui souvent impatientaient Voltaire, la duchesse n’eût pas pris la peine de vaincre le mauvais vouloir du ministre. Ce qui semblait déraisonnable au vieux philosophe célibataire toucha le cœur maternel de Mme d’Enville : elle avait des filles, et elle put se mettre à la place de Mme Calas. Chacun était dans son rôle. (Note du premier éditeur.)

  1. Voyez lettre 5097.
  2. Lettre 5093.
  3. Le Dictionnaire portatif des Conciles (par Alletz), un volume in-8o, est de 1758.
  4. Ce titre avait été donné au Dictionnaire philosophique par d’Alembert, à la fin de sa lettre du 17 novembre, voyez n° 5088.
  5. Probablement le Sermon du rabbin Akib ; voyez tome XXIV, page 277.