Page:Voltaire - Œuvres complètes Garnier tome42.djvu/327

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pension au père et à la mère, et cette pension sera plus ou moins forte, selon la recette. Si Mlle Corneille a quarante mille francs de cette affaire, il faudra remercier sa destinée ; si la somme est plus forte, il faudra bénir Dieu encore davantage. Nous avons déjà donné soixante louis au père et à la mère. Les frais sont grands, la recette médiocre. Les Cramer nous donneront un compte en règle.

Je baise bien humblement le bout des ailes de mes anges. Je suis leur créature attachée jusqu’au dernier moment de ma drôle de vie.


5119. — À M. RIBOTTE[1],
à montauban.
2 janvier 1763.

Le benêt qui allait prier sur la tombe de Marc-Antoine n’est pas le seul fou de Toulouse ; mais ceux qui ont poursuivi la mort de Jean sont des fous bien dangereux. Ceux qui disent que la veuve ne réussira jamais se trompent fort. Ceux qui se fâchent contre un citoyen qui a pris le parti de l’innocence ne sont pas au bout. Les jeux floraux et la basoche peuvent amuser, mais il faut s’en tenir là, et ne pas faire rouer un homme de bien.

L’affaire de la Calas sera jugée ce mois-ci, et il y a grande apparence que les juges penseront comme tout Paris, et le citoyen tolérant qui a mis cette affaire en train sera assez payé de ses peines s’il réussit, comme il l’espère, à faire rendre justice.

On ne manquera pas d’envoyer à Montauban les volumes qu’on demande, mais ils ne pourront être prêts que dans un an.

Jean-Jacques est un grand fou d’avoir écrit contre les philosophes tandis qu’il prétendait l’être ; ce pauvre original est bien malheureux.


5120. — À M. MOULTOU[2].
Ferney, second janvier 1763.

J’ai l’honneur de vous envoyer, monsieur, l’esquisse sur la Tolérance, c’est-à-dire, à mon gré, sur un des droits les plus sacrés du genre humain[3].

  1. Bulletin de la Société de l’Histoire du protestantisme français ; Paris, 1856, page 243.
  2. Éditeur, A. Coquerel.
  3. Traité sur la Tolérance à l’occasion de la mort de Jean Calas, écrit en 1762, revu et achevé en 1763, répandu parmi les personnes que Voltaire voulait inté-