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Page:Voltaire - Œuvres complètes Garnier tome42.djvu/330

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des Calas, Est-il vrai qu’il faudra préalablement faire venir les pièces de Toulouse ? Ne sera-ce pas plutôt après la révision ordonnée que le parlement de Toulouse sera obligé d’envoyer la procédure ?

Au reste, mes frères, gardez-vous bien de m’imputer le petit livre sur la Tolérance[1], quand il paraîtra. Il ne sera point de moi, il ne doit point en être. Il est de quelque bonne âme qui aime la persécution comme la colique.

Si l’Histoire du Languedoc[2] arrive à temps, elle pourra servir aux Calas, en fournissant un petit résumé des horreurs visigothes languedociennes.

Frère Thieriot se tue à écrire ; dites-lui qu’il se ménage. Cependant, raillerie à part, je lui pardonne s’il mange bien, s’il dort bien, et surtout si son frère m’écrit.

J’embrasse tous les frères. Ma santé est pitoyable. Écr. l’inf…

P. S. Il y a un petit mémoire incendié d’un président au mortier ou à mortier[3] frère peu sensé de l’insensé d’Argens. Je ne hais pas à voir les classes du parlement se brûler les unes les autres en cérémonie : cela me paraît fort plaisant, et digne de notre profonde nation ; mais vous me feriez surtout un plaisir extrême de m’envoyer par la première poste le mémoire du président au mortier.


5122. — À M. DEBRUS[4].
3 janvier.

J’ai l’honneur, monsieur, de vous renvoyer la lettre de Mme Calas. M. Mariette m’écrit que sa cause sera décidée infailliblement avant la fin du mois. Je ne doute pas du succès et je n’en ai jamais douté, parce que je crois qu’il y a encore de l’équité et du bon sens dans le monde ; mais si le conseil n’était pas pour nous, le public ne serait pas pour lui. Le public a porté son arrêt, et les juges de Toulouse seront à jamais en exécration aux honnêtes gens.

  1. Traité sur la Tolérance ; voyez tome XXV, page 13.
  2. Voltaire, dans ses lettres n° 5013 et 5112, demandait qu’on lui envoyât une Histoire du Languedoc.
  3. Jean-Baptiste Boyer, marquis d’Aiguilles, mort en 1783, et dont on a déjà parlé tome XV, page 288, était venu à Versailles présenter contre ses confrères du parlement d’Aix, et en faveur des jésuites, deux mémoires dont le parlement d’Aix prononça la condamnation ; voyez la Correspondance de Grimm à la date du 15 janvier 1763.
  4. Éditeur, A. Coquerel. — L’adresse est : « À monsieur, monsieur de Bruce, à Genève. »